La Bourse de Tokyo est officiellement en "bear market", si l'on en croit l'édition du 13 juin du Wall Street Journal. Depuis le plus haut atteint en clôture le 22 mai dernier, l'indice Nikkei 225 - qui regroupe les 225 plus grandes capitalisations boursières japonaises - chutait de 20%, avant de reprendre des couleurs ce vendredi.
Respiration nécessaire
La correction boursière de Tokyo a pris beaucoup d'investisseurs par surprise, mais elle a plusieurs explications. Pour Chantana Ward, gérante du fonds Comgest Japan, la Bourse nipponne avait besoin de respirer: "après la hausse depuis novembre, une correction était nécessaire, d'autant qu'elle était en grande partie tirée par les hedge funds."
L'autre facteur de la correction tient au discours de la Fed, préparant le marché à un début de réduction de l'assouplissement quantitatif dans les mois à venir. Cette nouvelle a provoqué une onde de choc sur de nombreuses classes d'actifs. Les taux longs japonais ont commencé à remonter à la suite des taux américains, avec un effet domino sur d'autres classes d'actifs (or, matières premières, actions émergentes, dette émergente, et actions japonaises."
Biais indiciels
Pour Yves Choueifaty, président de la société de gestion TOBAM, la correction japonaise reflète un problème de construction des grands indices: "le MSCI Japan souffre de deux grands biais sectoriels : une très forte exposition aux valeurs financières et aux biens de consommation discrétionnaires. Ce sont des secteurs très sensibles à la conjoncture et qui, pendant le récent boom des actions japonaises, ont sans doute été surachetés."
Conséquence: le degré de diversification "naturel" de l'indice est très faible, équivalent à la détention de 2,52 actions indépendantes, alors que "dans le même univers, vous pouvez construire un portefeuille aussi diversifié que si vous déteniez 8,01 actions indépendantes". Avec à la clef, moins de volatilité pour le portefeuille.
"Tout le monde se focalise sur la performance depuis le début de l’année d’un portefeuille qui est très biaisé au sens de son allocation de risque mais qui reflète mal les opportunités d’investissement au Japon", conclut Yves Choueifaty.
Point d'entrée
Chantana Ward, gérante du fonds Comgest Japan, estime de son côté que la correction récente offre un point d'entrée intéressant sur le marché japonais.
Cherchant à redonner un peu de perspective à la baisse de la Bourse japonaise (graphique), la gérante observe que les fondamentaux de l'économie du Japon sont plutôt bien orientés, et que la valorisation des actions japonaises demeure plutôt raisonnables, surtout si on la compare à d'autres Bourses, comme le marché américain.
"Nous pensons qu’il y a un bon point d’entrée sur le marché japonais, explique-t-elle. Les indicateurs économiques s’améliorent (PIB en hausse de 3,5% au 1er trimestre, amélioration de la confiance du consommateur, hausse des ventes dans les grands magasins, amélioration du taux d’occupation des bureaux). La valorisation des actions est correcte avec un P/E 2013/14 de 13,8x (contre 16x au plus haut du marché récemment). Surtout, c’est la première fois que l’on entend un discours optimiste de la part des dirigeants d’entreprises que nous avons rencontrés depuis le début de l’année."
La baisse constitue donc l'occasion pour la gérante de se renforcer sur certains dossiers, comme J.Front Retailing (grands magasins) ou East Japan Railways.
Pour aller plus loin
Quelques fonds spécialisés dans les actions japonaises et faisant l'objet d'un suivi par les analystes de Morningstar.