Un groupe très dépendant d'Airbus
Malgré la crise, les constructeurs aéronautiques affichent des carnets de commandes dans l'aviation civile conséquents: 4.973 avions pour une valeur de 554 milliards d'euros chez Airbus contre 322 milliards de dollars pour l'américain Boeing. La demande - renouvellement de la flotte, croissance du trafic aérien - est toujours soutenue: selon la dernière étude publiée par Boeing, elle serait de 35.280 appareils d'ici 2032 (dont 14.350 visant à remplacer des avions existants).
Airbus a accru sa part de marché au fil des ans, notamment dans les avions à un seul couloir (de type A320neo) où il détient une part de marché estimée à 53%. La concurrence y reste intense avec d'autres acteurs comme Bombardier, COMAC ou Embraer. Dans les avions à double couloir, Boeing reste leader avec une part de marché de 63% environ, grâce à une offre produit plus étendue que celle d'Airbus.
A court terme, EADS est confronté à une hausse de ses coûts compte tenu de la sortie de nouveaux aéronefs à court terme. La certification de l'A350 (qui doit être mis en service en 2014) permettra à Airbus de combler une partie de son retard sur Boeing, mais elle pèsera sur la progression de la rentabilité. EADS vise une marge opérationnelle de 10% pour 2015, chiffre non retenu par Neal Dihora, analyste de Morningstar, lequel anticipe un pic de marge à 6% en 2017.
L'autre défi d'EADS à moyen terme reste sa grande dépendance à l'égard d'Airbus. Le constructeur aéronautique reste sa principale source de revenus, même si le groupe tente depuis de nombreuses années de réduire sa dépendance à Airbus (en 2012, il a étudié, avant de l'abandonner, un rapprochement avec BAE Systems). Au sein des autres divisions, le groupe devrait bénéficier de la demande croissante pour les satellites d'Astrium, ainsi que du redressement du marché des hélicoptères (Eurocopter). En revanche, le marché de la défense est toujours difficile, confronté aux efforts de contrôle voire de réduction des coûts dans les pays occidentaux.
Risques
A moyen terme, les principaux défis d'EADS sont la sensibilité de ses résultats aux devises (les ventes sont libellés en dollars, mais plus de la moitié des coûts sont en euros), les risques de retards dans la livraison des nouveaux programmes (A350XWB et A400M) ainsi que les frais de R&D associés à ces programmes ou les coûts de réparation de certaines gammes d'appareils (A380).
Valorisation
Le titre EADS est valorisé à 38€ (contre 33€ précédemment) pour tenir compte d'hypothèses de marge opérationnelle en amélioration sur le long terme. Le flottant du titre s'est amélioré depuis la restructuration de son actionnariat (70% contre 49% auparavant). Compte tenu d'une croissance prévue de 4% pour le chiffre d'affaires, la marge d'exploitation d'EADS pourrait remonter vers 6% contre 3,3% en 2012.
L'avantage concurrentiel d'EADS ("economic moat") existe, grâce à la situation de duopole sur le marché de l'aviation civile et aux relations avec les gouvernements occidentaux en matière de défense. L'émergence de concurrents dans les avions moyen courrier (Embraer, Bombardier, ainsi que des acteurs russes ou chinois) pourrait constituer une pression concurrentielle à moyen-long terme pour Airbus et Boeing. Cette concurrence pourrait aussi conduire les compagnies aériennes à ne plus signer de contrats volumineux sur plusieurs années.
Pour aller plus loin
La recherche actions et crédit de Morningstar a publié plusieurs études récentes sur Boeing et sur son secteur:
Raising Our Fair Value Estimate on Narrow-Moat EADS as it Reports Solide 1Q 2013 Results
La page EADS est accessible en suivant ce lien.