En fait, ce n’est pas un problème en soi. La gestion d’un fonds par une équipe peut faire autant sens que sa gestion par une seule personne, ou par deux gérants. De fait, parmi certains des fonds les mieux notés par les analystes Morningstar, l’approche collégiale est souvent un trait de caractère.
Le problème survient lorsque les sociétés de gestion refusent de divulguer l’identité des membres de ces équipes dans la documentation qu’elles fournissent aux investisseurs (une situation, hélàs, bien trop fréquente). Dans ces cas, « l’équipe de gestion » donne une impression de transparence sans en avoir la consistance. L’équipe peut comprendre un seul gérant ou quarante-trois (voir 100 dans ce domaine) ; l’équipe peut être en place depuis 10 ans, ou toute l’équipe peut avoir quitté la société au cours des six derniers mois.
La longévité de l’équipe de gestion, sa stabilité et la pertinence de son expérience deviennent impossibles à évaluer. Bref, les investisseurs n’ont peu voire aucune information sur l’une des variables clefs qui sont susceptibles d’affecter les décisions d’investissement.
Si ce point n’est pas clarifié, nous ne pensons pas qu’il ne va pas dans le meilleur intérêt des porteurs de parts actuels ou à venir. Au contraire, nous pensons que la divulgation des informations relative au gérant ou à l’équipe de gestion est très importante.
A tel point que Morningstar s’est longtemps battue au nom des porteurs de parts pour qu’une telle information soit rendue publique aux Etats-Unis. Cette demande est désormais en place depuis 1993 et a fait l’objet d’un amendement en 2004 pour inclure une condition sur la divulgation du nom de chaque membre de l’équipe de gestion d’un fonds, tout comme le niveau de leur investissement dans le fonds qu’ils gèrent, la divulgation des autres fonds sous gestion ou la structure de leur rémunération (mécanismes d’incitation notamment).
La logique est claire : nous pensons que les investisseurs, quel que soit le marché où ils interviennent, ont le droit et doivent savoir qui gère leur argent s’ils doivent prendre une décision de manière informée. Les régulateurs demandent que de telles informations soient communiquées lorsqu’il s’agit de sociétés cotées en Bourse.
Pourtant, pour une raison pour le moins confuse, les régulateurs ne demandent pas que le même type d’information soit révélée pour les fonds, comme nous l’avons relevé dans notre dernière enquête (http://www.morningstar.co.uk/uk/news/108944/high-fees-and-poor-transparency-are-letting-down-investors.aspx). Nous pensons que les régulateurs pourraient faire une telle demande concernant l’implication financière des gérants dans un fonds et la structure des mécanismes incitatifs en matière de rémunération, mais avoir déjà les noms des gérants et la date de leur prise de fonction serait déjà un bon début.
En l’absence d’une telle obligation, nous prenons des mesures pour enregistrer des progrès dans ce domaine. Nous avons de longue date recueilli les noms des gérants des fonds et rendu cette information à la disposition des investisseurs sur nos sites et dans d’autres produits, mais un sous-ensemble des fonds signale que la gestion du fonds est collective sans dévoiler l’identité de chaque gérant.
Une première initiative de Morningstar a consisté à travailler avec les sociétés de gestion pour disposer d’une meilleure information. Pour celles qui ne fournissent pas l’information, nous prévoyons d’indiquer la mention « non divulgué » puisque c’est la situation effectivement vécue par les investisseurs. La longévité des gérants fera également l’objet d’un ajustement pour refléter l’absence d’information – si nous ne pouvons déterminer avec précision la longévité du gérant à partir de sa date de prise de fonction, par exemple, nous le signalerons. Dans la mesure où la longévité et l’expérience d’un gérant sont des critères de sélection pertinents pour les investisseurs, cela devrait aider leur quête d’une information fiable.