L'aéronautique: un secteur correctement valorisé

Selon plusieurs gérants, le secteur profite de la croissance visible qu’il offre aux investisseurs.

Jocelyn Jovène 24.06.2013
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Un parcours sans faute. Bien avant le salon du Bourget, les cours de Bourse des grands constructeurs aéronautiques et de leurs équipementiers ont enregistré de très belles performances depuis le début de l’année, ainsi que sur une période plus longue (graphique).

Supercycle

Cette embellie s’explique par un "supercycle" de commandes d’avions par les compagnies occidentales, en recherche d’économies de coûts, ou émergentes, en phase de constitution de flottes. Ce cycle de commandes devrait entraîner un cycle de production, bénéficiant le plus souvent à l’ensemble des gammes des constructeurs.

"Le secteur offre une grande et forte visibilité : c’est ce que l’on voit dans des carnets de commandes bien garnis (ce qui donne l’assurance d’avoir un soutien d’activité prononcé) et dans la montée en puissance en matière d’investissements pour répondre à la demande", observe Emmanuel Soupre, responsable de la gestion actions françaises chez Neuflize Private Assets.

"Les compagnies aériennes expriment le besoin d’avoir des flottes modernes, pour réduire leurs coûts d’exploitation au siège. Dans le même temps, les capacités aéroportuaires augmentent, ce qui pousse certaines compagnies des pays émergents à investir de manière massive", ajoute-t-il.

Cette croissance pérenne et visible a attiré, d’autant plus que l’environnement macro-économique n’était guère porteur, comme l’explique Stéphane Furet, directeur général de Dorval Finance :

"La bonne performance du secteur par rapport aux indices boursiers s’explique par la croissance du secteur dans un environnement macro-économique difficile. De plus en plus d’investisseurs sont convaincus que l’on est dans un cycle long porteur, avec de la visibilité et des carnets de commande bien remplis."

Une valorisation raisonnable

La hausse des valeurs du secteur – dont beaucoup d’acteurs français comme Zodiac, Safran, Thales ou LISI et européens tels EADS, MTU Aero Engines – n’a pas été uniforme ou régulière.

"En termes de valorisation, plusieurs mondes coexistent : les équipementiers se traitent avec une prime sur le secteur, car ils bénéficient d’une récurrence de leurs revenus liée à leur activité de maintenance ; les constructeurs se traitent à des multiples plutôt raisonnables compte tenu de leurs perspectives de croissance bénéficiaire ; enfin, le secteur de la défense reste assez décoté, du fait d’un effet momentum négatif lié aux coupes budgétaires", note Boris Radondy, co-gérant du fonds Natixis Actions Europe Value.

"Au sein du secteur, l’aéronautique civile bénéficie d’un effet momentum lié aux carnets de commandes bien garnis qui génèrera la croissance future des résultats, tandis que la défense, qui a longtemps souffert d’un momentum négatif, nous semble être arrivée à un point de stabilisation", ajoute-t-il.

Sorti vainqueur du salon du Bourget avec près de 70 milliards de commandes (fermes et options), EADS a rassuré sur un profil de croissance jugé robuste.

"EADS faisait partie de nos valeurs favorites en début d’année, en raison de la croissance visible offerte pour une valorisation qui reste raisonnable compte tenu de la croissance bénéficiaire attendue sur 2013-2015 (que nous estimons à 25-30%/an)", explique François Menut, gérant actions chez Federal Finance.

S’il offre aujourd’hui un peu moins de potentiel de hausse, le titre reste correctement valorisé, estiment plusieurs gérants.

"Nous pensons qu’il va y avoir une rotation dans le secteur entre les titres qui ont bien progressé (comme EADS)  et ceux qui étaient un peu en retrait (Safran) et qui ont regagné du terrain ces dernières semaines", note de son côté Jérôme Guilmard, gérant chez Montaigne Capital.

Certains arbitrages en dehors du secteur, vers des valeurs cycliques industrielles pourraient également jouer, estime Stéphane Furet :

"Avec la remontée des taux, le mouvement de hausse sur ce type de titres arrive sans doute à son terme. Tous les secteurs qui ont servi d’abri quand l’environnement de marché était complexe ont joué leur rôle. Les investisseurs semblent aujourd’hui plus prêts à prendre un peu plus de risque dans des secteurs plus cycliques."

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Airbus SE138,24 EUR-0,90Rating
Boeing Co147,72 USD3,01Rating
Lisi SA20,65 EUR-1,20
MTU Aero Engines AG316,70 EUR1,02Rating
Rolls-Royce Holdings PLC540,40 GBX-0,07Rating
Safran SA220,40 EUR0,46Rating
Thales146,95 EUR-3,64Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.