La Réserve fédérale a entièrement piloté les marchés la semaine passée. Sa déclaration et la conférence de presse qui a suivi ont mis en avant le fait que l'économie américaine est en meilleure situation qu'elle ne l'anticipait, et conséquence directe, que les achats d'obligations pourraient s'arrêter plus tôt que prévu, peut-être d'ici à la mi-2014. La nouvelle a fait chuter les obligations, ce qui fait sens, et les actions également, ce qui est moins logique, en dehors peut-être d'une réaction irréfléchie et du fait que les actions vont perdre une partie de leur attrait par rapport aux obligations.
Les nouvelles concernant l'économie américaine ont été mitigées, le lot de bonnes et moins bonnes nouvelles se neutralisant. Le sentiment des promoteurs s'est sensiblement amélioré, mais les mises en chantier et les demandes de permis ont été amorphes. Les ventes de maisons ont donné des signes d'amélioration, mais les inscriptions au chômage au rebondi. Les ventes hebdomadaires dans les centres commerciaux ont à nouveau reculé, mais l'indice "Empire State Manufacturing Survey" (activité industrielle de l'état de New-York) était un peu meilleur. L'inflation reste sous contrôle, avec des coûts de soins de santé modérés. Elle se situe désormais sous le niveau cible de la Fed.
En revanche, les données économiques dans le monde ont contribué en partie aux performances décevantes des actions. En particulier, les signaux inquiétants en provenance de Chine, avec une nouvelle baisse de l'activité industrielle, a envoyé une onde de choc sur les économies avoisinantes, les pays exportateurs de matières premières et d'autres marchés émergents.
Le ralentissement du commerce mondial, non directement à la publication décevante de Fedex, montre que les échanges commerciaux tournent au ralenti et met un peu plus la pression sur les coûts de transport de marchandises. A l'évidence, l'optimisme nouveau de la Fed arrive au moment où l'économie mondiale ralentit quelque peu. Peut-être que les réductions d'achats d'obligations n'arriveront pas aussi tôt que la Fed ne l'anticipe elle-même. Mais l'arrêt de son programme d'assouplissement quantitatif semble désormais inéluctable.
Vers un arrêt des achats d'obligations
La semaine passée, la Fed a quelque peu clarifié ses intentions en matière d'achats d'obligations adossées à des prêts immobiliers (MBS), de bons du Trésor et la déterminant de ses taux d'intérêt à court terme. Elle a aussi publié de nouvelles prévisions macro-économiques à l'origine de sa décision. En réduisant la fourchette de ses précisions, toutes ces manoeuvres seront dépendantes de l'état de l'économie. Si l'économie ne va pas mieux, tout ce qui a été annoncé pourrait être reporté et de nouvelles mesures d'assouplissement pourraient être prises.
La volatilité des marchés financiers a été en grande partie provoquée par la conférence de presse de Bernanke, en particulier lorsqu'il a annoncé que les mesures non-conventionnelles pourraient progressivement être réduites et s'arrêter courant 2014 - si l'économie tend vers un taux de chômage de 6,5%. Cela n'est pas une totale surprise, étant donné que l'économie va mieux, les précédentes déclarations de la Fed et les quelques indices laissés de-ci de-là par des membres de la banque centrale américaine ces deux derniers mois.
L'action sur les taux est un sujet séparé et la Fed ne prévoit pas de changement jusqu'en 2015. Les déclarations de la Banque centrale sont cohérentes avec les déclarations passées évoquant une réduction des mesures non conventionnelles au fur et à mesure que la reprise économique s'affermit.
La Fed a également indiqué son intention de conserver les titres achetés jusqu'à leur maturité. En outre, les coupons et remboursement de prêts hypothécaires seront totalement réinvestis -- des mesures qui restent expansionnistes dans un marché de la dette qui se réduit. Bernanke a indiqué que ces mesures visaient à lever le pied de l'accélérateur et non pas à appuyer sur la pédale de frein.
Des prévisions très - et étonnamment - optimistes
Les prévisions de la Fed sont remarquablement plus optimistes que par le passé. Elle anticipe une croissance du PIB entre 2,3% et 2,5% en 2013 (contre ma prévision entre 2% et 2,25%). En 2014, la croissance reviendrait vers 3%-3,5% (contre notre estimation de 2%-2,5%). La Fed a également abaissé ses prévisions d'inflation ainsi que celles concernant le taux de chômage, devenu l'un des critères clefs de sa politique monétaire.
Son optimisme économique s'appuie sur les nouvelles sur le front de l'emploi, des prix immobiliers plus élevés, et sur les enquêtes de confiance du consommateur. Je pense que cet optimisme est un peu déplacé, et que la réduction des achats d'obligation (baptisé "tapering") pourrait survenir plus tard que plus tôt. Les taux d'intérêt restent artificiellement bas.