Le retour à une croissance durable passera par la poursuite des réformes structurelles et de l'assainissement des finances publiques. C'est l'un des messages centraux du dernier rapport annuel publié ce week-end par la Banque des Règlements Internationaux.
Si l'intervention des banques centrales des pays développés a écarté tout risque systémique, malgré la menace de faillite de plusieurs Etats en zone euro, le retour à une croissance durable et robuste passera par des réformes structurelles. Sur ce plan, le travail de fond revient aux gouvernements et plus aux banques centrales.
"Les banques centrales de ces économies ont été contraintes de trouver des solutions pour assouplir encore leurs politiques", observe la BRI. Mais elles n'ont pas vocation à résoudre les problèmes structurels qui font obstacle au retour d'une croissance durable, précise-t-elle. "Poursuivre sur la voie d'une stimulation monétaire sans précédent devient plus périlleux, car le rapport coût-avantages a évolué", ajoute le rapport.
Le bilan des banques centrales est ainsi passé de 10.400 milliards de dollars en 2007 à 20.500 milliards de dollars. Un niveau qui devrait encore croître compte tenu de l'action de la Banque du Japon, en attendant que la Fed parvienne à réduire ses mesures d'assouplissement monétaire. Car si le bilan des banques centrales augmente pour tenter de relancer le cycle du crédit (ce qui semble être le cas aux Etats-Unis voire aussi au Japon), leur action n'a pas vocation à contribuer au financement des déficits des autres agents économiques.
Répartition des tâches
"Les banques centrales ne sauraient, en effet, assainir les finances des ménages et des établissements financiers, pas plus qu'assurer la viabilité des finances publiques. Surtout, elles ne sauraient édicter les réformes de fond, indispensables pour retrouver la voie d'une croissance réelle, voulue par les autorités et attendue par les opinions publiques."
Un message répété par d'autres instances internationales (comme le FMI), mais qui soulève de vraies interrogations: peut-on en effet imposer une austérité partout et de manière dogmatique au risque de casser une reprise fragile et de laisser certaines régions plonger en déflation ? C'est bien l'un des enjeux relevés par la BRI, qui appelle à une juste "répartition des tâches".
"Les pouvoirs publics doivent hâter la réforme des marchés du travail et des produits, qui facilitera le transfert des ressources économiques vers les secteurs à haute productivité. Ménages et entreprises doivent achever la lourde tâche d'assainissement de leurs bilans, et les gouvernements, redoubler d'efforts pour assurer la viabilité des finances publiques. Les autorités compétentes doivent ajuster la règlementation du système financier pour tenir compte de ses interconnexions et de sa complexité croissantes, et veiller à ce que les banques détiennent des volants de fonds propres et de liquidité à la mesure des risques associés. Il faut que chaque pays adapte le calendrier des réformes de manière à maximiser ses chances de succès, sans mettre en péril la reprise économique en cours."
Pour aller plus loin
Le rapport annuel de la BRI est disponible en français sur le site de l'institution.