Avec la hausse des marchés actions depuis un an, les opportunités d’investissement tendent à se raréfier. Pourtant, sur longue période, de nombreux investisseurs sont restés hors du marché et on regardé la hausse se faire, sans eux.
L’une des leçons que peuvent retirer les investisseurs de la situation actuelle est qu’ils ne devraient pas se laisser dominer par leurs émotions lorsqu’il s’agit d’investir leur argent. Ceux qui ont paniqué et vendu au plus bas doivent s’en mordre les doigts, puisqu’ils restent « collés » avec des pertes parfois significatives, alors que les marchés ont, depuis, bien remonté.
L’une des questions qui revient souvent est : « que doit-on faire dans l’environnement actuel ? » Dans un monde idéal, il devrait toujours y avoir des titres se traitant avec une décote significative par rapport à leur valeur intrinsèque et beaucoup de titres notés 1 étoile par Morningstar pouvant servir de source de financement. Pourtant, la réalité est que le nombre d’opportunités (surévaluées et sous-évaluées) peut varier grandement en fonction de l’humeur des investisseurs.
Si vous avez conservé des liquidités, votre tâche d’investisseur est devenue de plus en plus compliquée au fil des années. Au pire de la crise financière, 850 titres recevaient une note 5 étoiles de Morningstar. Aujourd’hui, seuls 74 titres sont considérés comme méritant la meilleure note.
Mais il faut bien investir. Dans ce cas, il vaut mieux privilégier des titres de grande qualité raisonnablement valorisés que de détenir du cash ou des obligations - en particulier au moment où les taux d’intérêts tendent à remonter, parfois de manière brutale. Expliquons pourquoi.
Il y a pire que les actions
Nos analystes établissent la juste valeur d’un titre à partir d’un modèle de valorisation qui repose sur une actualisation des flux de trésorerie (communément appelé « Discounted Cash Flow » ou DCF dans le jargon des financiers). Cette technique d’évaluation est basée sur l’idée que la valeur d’une entreprise aujourd’hui est égale à la somme des flux de trésorerie disponible dans le futur, actualisés à un taux qui offre un retour sur investissement raisonnable aux investisseurs. (Le flux de trésorerie disponible est la trésorerie générée par l’activité, qui a servi pour financer les investissements de l’entreprise, et qui lui reste pour payer ses dettes, verser un dividende ou racheter ses actions, ou réaliser des opérations de croissance externe.)
Le taux d’actualisation, qui correspond au coût du capital, est l’un des éléments clefs du processus d’évaluation : il représente la meilleure estimation par les analystes du rendement que peuvent espérer les investisseurs en achetant l’action d’une entreprise. Si les prévisions de flux de trésorerie par nos analystes étaient justes, on pourrait espérer qu’un titre raisonnablement valorisé soit en mesure d’offrir un rendement égal au coût du capital. En moyenne, notre estimation de la juste valeur d’un titre devrait augmenter chaque année du montant du coût du capital, moins le rendement du dividende.
Si la juste valeur d’un titre augmente plus vite que son coût du capital, cela signifie que les perspectives de flux de trésorerie générés par l’activité de l’entreprise dépassent les prévisions de nos analystes – et vice-versa.
Coût du capital
Le coût du capital le plus courant est de 10% - en ligne avec le rendement sur longue période des actions américaines. Pour une société en particulier, cette variable dépendra du risque systémique – risque qui est lié à celui du marché dans son ensemble, et ne peut être éliminé en diversifiant son portefeuille. Nous utilisons un coût de 8% pour les sociétés qui présentent un risque systémique faible (comme des sociétés pharmaceutiques bien diversifiées ou des sociétés distribuant du pétrole et du gaz), et un coût de 12% ou 14% pour celles qui présentent un risque systémique supérieur à la moyenne (ce qui est le cas de certaines sociétés très sensibles au cycle comme les valeurs financières ou industrielles). Nous ajoutons une prime à ce coût pour certaines bourses à l’international.
Il existe des investissements bien pires que des titres correctement valorisés. Ces derniers devraient être en mesure d’accroître leur valeur intrinsèque de 10% chaque année. Sur 10 ans, un investissement de 10.000 euros rapportant 10% par an devrait produire 26.000 euros – bien plus que ce que peuvent rapporter du cash ou des obligations.
Marge de sûreté
Cette approche n’exclut pas la prise en compte d’une marge de sûreté, qui doit protéger l’investisseur contre le risque d’erreur de ses estimations [un concept inventé par Benjamin Graham et popularisé par Warren Buffett]. 440 sociétés suivies par Morningstar sont notées 4 étoiles, dont 60 sont cotées en Europe.
Bien sûr, si l’on accepte l’idée de détenir des titres offrant une marge de sûreté un peu plus faible sur un titre individuel, il est vital de bien diversifier son portefeuille. Plus important encore, un investisseur devrait se focaliser sur les sociétés qui présentent un avantage concurrentiel significatif (« moat ») et peuvent gérer l’incertain – des sociétés où l’on peut avoir une plus grande certitude quant à leur capacité à respecter les flux de trésorerie attendus par nos analystes.