LVMH se paie une nouvelle pépite à un prix élevé, mais pas déraisonnable au regard de ses perspectives de croissance. Le groupe de luxe français a créé l’événement lundi soir en annonçant le rachat de 80% du capital de la société familiale italienne Loro Piana, pour 2 milliards d’euros (ce qui représente une valeur d’entreprise de 2,7 milliards d'euros pour 100% du capital).
La Bourse de Paris salue cette annonce, l’action LVMH regagnant près de 2% ce mardi, dans un marché en hausse de 0,6%.
"Alors que nous considérons généralement le prêt-à-porter et la mode comme des activités ayant un moindre avantage concurrentiel, malgré une rentabilité du capital élevée, nous considérons attrayant le caractère unique de l’expertise de Loro Piana dans le cachemire et certains matériaux", observe Paul Swinand, analyste chez Morningstar en charge du suivi de la valeur.
Un avis partagé par d’autres courtiers, qui mettent en avant la récente sous-performance du titre. Depuis le début de l’année, l’action LVMH a sous-performé le reste du secteur de 17% et se traite actuellement avec une décote de valorisation de 10% environ (sur la base du ratio cours sur bénéfice).
Certains, comme Barclays (cité par Reuters), rappellent que ce rachat s’inscrit, après l’acquisition de Bulgari ou l’investissement dans Hermès, dans une stratégie de montée en gamme dans l’univers du luxe. L’autre aspect attrayant de cette opération tient à la possibilité d’étendre le réseau de magasins de la marque (130 points de vente contre 1.280 pour la division Mode & Maroquinerie) et de bénéficier de l’expertise de la Loro Piana:
"Le positionnement discret et exclusif de Loro Piana, son savoir-faire vestimentaire et son histoire représentent de solides avantages concurrentiels au regard de l’appétit de la Chine pour des marques de prêt-à-porter masculin différentiantes, et il existe un potentiel d’expansion du réseau de magasins, de diversification des produits et d’amélioration de la rentabilité", écrivent les analystes de Bank of America Merrill Lynch dans une note aux investisseurs.
Il demeure que la taille de l’opération n’est pas structurante pour LVMH : Loro Piana vise 700 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et une marge d’EBITDA de plus de 20% - contre un chiffre d’affaires prévu de 30,6 milliards d’euros et une marge d’EBITDA de 25,2% (selon les estimations Morningstar).
"Si cette acquisition est relutive sur la croissance de la division Mode & Maroquinerie (croissance x2 vs celle de la division), la clef du dossier reste cependant la capacité du groupe à retrouver la croissance sur Louis Vuitton", observent les analystes de Natixis Securities dans une note.
Pour aller plus loin
Le commentaire complet de Paul Swinand sur LVMH est disponible sur le site de la recherche actions et crédit de Morningstar:
Deal for Italian Cashmere Maker Loro Piana Shows Deals Still Available and LVMH Willing to Pay