La semaine dernière, les investisseurs ont salué les commentaires du patron de la Réserve fédérale évoquant un délai dans la réduction des achats d’obligations. Bernanke et certains membres du comité de politique monétaire ont rappelé que la diminution du « quantitative easing » sera liée aux publications de statistiques, tandis que les taux courts resteront durablement faibles.
Ces commentaires ont fait suite à la publication des minutes de la Fed, lesquelles faisaient apparaître beaucoup de dissonance, plusieurs gouverneurs souhaitant un arrêt rapide des achats d’obligations.
Résultat de ces gesticulations : les actions américaines sont reparties vers leurs plus-hauts printaniers, tandis que le rendement du 10 ans américain, à 2,6% reste bien plus proche de son plus haut de 2,8% que des 1,6% qu’il atteignait en mai dernier. Les marchés émergents sont restés sous pression, avec l’indice MSCI Marchés émergents en recul de 12% depuis le début de l’année, alors que l’indice S&P 500 affiche un bond de 18% sur la même période.
La croissance du 2è trimestre revue à la baisse
Sur la base des dernières données sur les stocks, il est possible que la croissance du PIB au deuxième trimestre sera inférieur à 1% contre une précédente publication, guère enthousiasmante, à +1,8% pour le premier trimestre. Au même moment, le FMI a revu à la baisse sa prévision de croissance une nouvelle fois.
Les rumeurs se sont multipliées pendant la semaine au sujet d’une possible déception quant à l’annonce de la croissance de la Chine au deuxième trimestre (finalement ressortie à 7,5%). Le marché se demande désormais si la Chine pourrait voir sa croissance chuter vers 7%, contre une croissance de 10%-12% dans un passé pas si lointain et des anticipations de 8% et plus l’an dernier.
L’autre mauvaise nouvelle de la semaine a été une augmentation des prix à la production plus importante que prévu, alors que les prix du pétrole et de l’essence ont nettement progressé – ce qui n’est jamais une bonne nouvelle pour le consommateur.
La seule part de bonne nouvelle est venue du déficit budgétaire américain pour le mois de juin et les neuf mois écoulé à cette date. L’exercice fiscal 2013 pourrait se terminer sur un déficit inférieur à 4%. La moins bonne nouvelle tient au fait que cette réduction du déficit passe toujours par une diminution des dépenses, ce qui peut constituer un poids sur la croissance économique.
Je reste modérément optimiste
On m’a souvent accusé d’être devenu pessimiste, mais mes prévisions pour l’économie américaine demeurent inchangées, à 2% et 2,5% pour 2013 et 2014 respectivement. La Fed (avec une prévision de 2,3%-2,6%) et l’administration Obama (2,4%) et un nombre d’observateurs sont au-dessus de ma prévision. Pourtant, le FMI et le CBO ont une estimation de croissance de 1,7% et 1,4%, respectivement. La croissance du premier semestre continue d’être sensiblement en-dessus de 2%. Pour atteindre 2% sur l’année, il faudrait une croissance au second semestre au moins un trimestre avec une croissance proche de 3%.
Points positifs et négatifs
Les optimistes, dont la Fed, pensent que l’objectif de 2% est possible avec une accélération du marché de l’immobilier, une diminution de l’effet dépressif des baisses des dépenses publiques et une hausse des exportations. Malheureusement, le marché immobilier a déjà joué son rôle positif. Il est trop petit et s’améliore trop lentement pour apporter plus de croissance que les 0,3% de contribution au cours du premier trimestre.
Les baisses de dépenses ont retiré 0,9% de croissance au cours du premier trimestre, ce qui veut dire que la contribution du secteur privé a été très positive, à +2,7%. Si la contribution des dépenses publiques devient nulle, les facteurs contribuant au PIB pourraient permettre d’atteindre 3%. Je suis moins optimiste sur le gouvernement, au regard des effets du séquestre illustrés dans les dernières statistiques publiées.
Enfin, la situation internationale se détériore. Les dirigeants chinois ne sont plus obstinés par la croissance pour la croissance et semblent prêt à accepter un rythme d’expansion bien moins important plutôt que d’engager de nouvelles mesures de relance économique. Plus de croissance se traduit surtout par plus d’inflation, ce qui pose un problème de politique intérieure. Une Chine qui ralentit, une situation des Etats-Unis guère flamboyante et une économie japonaise qui regagne en compétitivité, voilà autant de mauvaises nouvelles pour l’Allemagne, qui était jusqu’ici la seule lueur d’espoir pour la reprise de la zone euro.