Avant que le rendement des bons du Trésor n’augmente, les investisseurs savaient que les obligations à duration longue seraient particulièrement affectées en cas de hausse des taux. C’est exactement ce qu’il s’est passé au cours des deux derniers mois. Sur la base des données Morningstar, les fonds investis dans des bons du Trésor ont chuté de 13% à partir du moment où les rendements ont augmenté, entre mai et le 5 juillet.
Les obligations longues n’ont pas été la seule classe d’actifs affectée. De nombreuses classes d’actifs ont également souffert, allant de la dette émergente aux REITs.
Cela signifie-t-il que vous devez sortir de votre portefeuille tous les titres jugés sensibles à une hausse des taux ? Pas nécessairement, car l’environnement des taux peuvent changer du tout au tout. Au cours de la semaine écoulée, les rendements obligataires ont de nouveau reculé, et les obligations ont bondi au moment où Ben Bernanke cherchait à rassurer les investisseurs sur le fait que la Fed ne procèderait pas de manière imminente à la réduction de ses achats d’actifs.
De plus, il va sans dire que de nombreux types d’investissement qui avaient plutôt souffert lors du précédent mouvement de hausse des taux souffriront tout autant lors de la prochaine phase de hausse.
Mais si votre portefeuille a été secoué plus que ce que vous n’anticipiez, cela devrait vous inciter à vérifier comment différentes classes d’actifs se sont comportées et pourquoi. Nous vous proposons un petit survol sur ce sujet. Dans certaines catégories, les contre-performances récentes ont été provoquées par des facteurs additionnels – pas uniquement la hausse des taux – si bien que les difficultés récentes ne sont en aucun cas les précurseurs de nouvelles contre-performances dans les mois à venir.
Obligations indexées sur l’inflation (TIPS)
Les raisons de la baisse : Cette classe d’actif a perdu 7,9% entre le 1er mai et le 5 juillet, du fait d’une convergence de facteurs défavorables. Les fonds investis dans cette catégorie ont subi l’effet négatif de la hausse des taux pour les durations longues (6-8 ans et plus). Mais le principal facteur de contre-performance a été le fait que les anticipations d’inflation restent très basses, en grande partie du fait du ralentissement de la croissance économique à l’international. Cela a provoqué une baisse de la demande pour les titres incorporant un mécanisme de protection contre l’inflation.
Ce qu’il faut en retenir : Les obligations indexées sur l’inflation (TIPS) restent la meilleure protection contre le risque inflationniste et peuvent donc jouer un rôle non négligeable dans un portefeuille. Leur mouvement de baisse illustre leur vulnérabilité dans certains environnements de marché et l’importance de choisir le bon horizon de placement pour les détenir. Certains fonds spécialisés dans cette classe d’actif se focalisent d’ailleurs sur des maturités plus courte pour réduire la sensibilité à une hausse des taux.
Dette émergente
Les raisons de la baisse : Cette classe d’actif a chuté de 9,6% entre le 1er mai et le 5 juillet, avec des pertes encore plus importantes pour les fonds de dette émergente émise en devise locale. L’augmentation des rendements obligataires a rendu moins attrayante la classe d’actif, si bien que le portage (le coupon versé) devenait moins attrayant que le rendement offert par la dette émergente, pour un niveau de risque plus élevé pour cette dernière. En outre, de nombreuses devises émergentes ont connu une forte correction par rapport au dollar, pénalisant un peu plus la classe d’actif.
Ce qu’il faut en retenir : Les niveaux élevés de rendement offerts par cette classe d’actifs avaient rendu les investisseurs plutôt complaisants à son égard et à l’égard des risques qui peuvent exister dans ces marchés. Cela ne signifie pas qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain – certains experts estiment même que la volatilité de la classe d’actifs a mis à jour de nouvelles opportunités d’investissement. Mais si vous avez des fonds de dette émergente en portefeuille, il est temps de refaire le point sur leur stratégie et leur positionnement. Il faut aussi se rappeler que la détention de fonds de dette émergente en devise locale introduit un biais dans votre portefeuille, lié au risque de change – un effet recherché si l’on fait le pari d’une appréciation des devises émergentes compte tenu de fondamentaux considérés comme meilleurs que ceux des pays développés. Il faut enfin considérer le fait que la proportion de ces fonds devrait diminuer au fur et à mesure que vous vous approchez de la retraite.
Actions émergentes
Les raisons de la baisse : Entre le 1er mai et le 5 juillet, cette classe d’actifs a perdu 10%. Tout comme la dette émergente, les actions émergentes ont beaucoup souffert, et ce bien avant que la hausse des taux n’intervienne. Le ralentissement de la croissance économique, la sensibilité de ces pays à l’évolution des devises, notamment le repli du yen, la transition des modèles économiques de certains pays (Chine) ou l’émergence de risques dans le secteur financier ont pesé sur la valorisation de nombreux secteurs d’activité.
Ce qu’il faut en retenir : Si les marchés d’actions émergents ont reculé, ils affichent aujourd’hui des niveaux de valorisation attrayants. Les périodes de pessimisme liées à l’état de l’économie et aux perspectives de croissance présentent parfois les meilleures opportunités d’investissement. Regarder du côté de gérants ayant un biais « value » (recherche de valeurs décotées) peut être un bon moyen de s’exposer à cette classe d’actif.