Le redressement de la France commence à prendre tournure. C’est le principal message qu’ont retenu les investisseurs après la publication du chiffre d’affaires du deuxième trimestre de Carrefour (20,46 milliards d’euros). La croissance organique du distributeur sur son marché domestique est ressortie à 1,3% dont +1,2% pour les hypermarchés (hors effets calendaire et carburants) – une première depuis fin 2007…
La performance doit être d’autant plus saluée qu’elle intervient sur fond de récession de l’économie française. La Bourse a applaudi, le titre gagnant 4,1% à 23,24 euros jeudi. Il cumule ainsi un gain de 10% sur la semaine et de 20% depuis le début de l’année.
Toutefois, aucune raison d’être euphorique. Les défis sont nombreux. Leclerc, qui publiait son chiffre d’affaires 2 jours plus tôt, a annoncé un total de ventes de 19,9 milliards d’euros en France sur le premier semestre contre 19 milliards pour Carrefour… avec une croissance des ventes de 4,7% hors carburant (contre -0,6% pour son rival). L’Europe reste difficile, en particulier en Italie (-9,9% en organique), l’Espagne donnant l’impression d’avoir touché le fond (-2,6%).
"La reprise a des jambes", écrivaient hier les analystes d’Exane BNP Paribas dans une note aux investisseurs. Plusieurs analystes estiment d’ailleurs que le redressement du groupe est engagé et pensent que le crédit accordé par le marché à l’équipe de George Plassat est justifié. Il ne faut toutefois pas oublier que cela a souvent été le cas à l’arrivée de nouveaux dirigeants à la tête du distributeur.
Hors d’Europe, le Brésil et la Chine semblent résister, malgré un ralentissement économique dans ces deux pays et un regain de volatilité sur les devises. Autant d’éléments qui expliquent sans doute pourquoi, le directeur financier de Carrefour, Pierre-Jean Sivignon, indiquait être plutôt confortable avec les attentes du consensus sur le résultat d’exploitation de cette année (2,2 milliards d’euros, soit une marge de 2,9% contre 2,8% l’an dernier).
Le titre Carrefour se traite avec une légère décote sur ses comparables boursiers (Casino, Tesco, Metro, Wal-Mart Stores) avec un multiple de chiffre d’affaires de 0,3x en 2014 contre 0,4x pour le secteur – ce qui s’explique par une niveau de profitabilité inférieur. Dans le même temps, les investisseurs anticipent un redressement des résultats plus rapide que les comparables, avec un multiple de bénéfice de 14,7x contre 11,7x l’an prochain.