Comme souvent dans les annonces de résultats de STMicroelectronics, il y a à boire et à manger. La publication des comptes du deuxième trimestre du fabricant de semi-conducteurs ne déroge pas à la règle. D’un côté, les résultats (perte nette de 152 millions de dollars entre mars et juin) et les prévisions pour le troisième trimestre ont, dans l’ensemble, déçu les investisseurs (l’action signe mardi la plus forte baisse du CAC 40).
Le groupe anticipe une progression des ventes de 3,5% au troisième trimestre hors activités liées aux télécommunications mobiles – une croissance modeste au regard des introductions de nouveaux produits annoncés (MEMS, automobile, microcontrôleurs, imagerie).
De l’autre, la sortie de ST-Ericsson s’active et semble aller dans le bons sens – rappelons que l’argument clef ayant conduit à la décision de céder cette activité est de permettre au groupe d’atteindre une marge d’exploitation de 10% fin 2014 (un niveau jamais dépassé depuis 2000). Mais au final, la société sera encore dans le rouge cette année, après de lourdes pertes l’an dernier (878 millions de dollars) – le marché attend un retour aux bénéfices en 2014, et ne n’attend pas de retour aux 10% de marge d’exploitation avant 2016.
L’annonce d’un nouveau plan d’investissement sur le site de Crolles (Nano 2017) va elle aussi dans le bon sens, même si sa précédente version (« Nano 2012 ») est loin d’avoir tenu ses promesses en termes de développement de l’activité ou de créations d’emplois.
L’histoire boursière de STM montre que les phases de revalorisation boursière les plus importantes n’ont eu comme principal moteur que des plans de restructuration et rarement la capacité du groupe à gagner des parts de marché (graphique). Mais restructurer continuellement l’outil sans disposer de relais de croissance peut au final menacer la survie d’une entreprise (le cas Alcatel-Lucent est là pour le rappeler).
Avec la sortie programmée de ST-Ericsson, le groupe a bénéficié d’un premier mouvement de revalorisation, imitant quelque peu le parcours boursier du hollandais Philips Electronics. Mais sera-t-il en mesure d’aller plus loin ?
Le titre se traite sur un multiple d’actif net (Price to book) proche de la moyenne historique des dix dernières années (graphique). Il se traite globalement avec une décote significative sur ses comparables boursiers (Texas Instruments, Qualcomm ou Infineon) – une situation justifiée par le décalage de rentabilité de ST par rapport à l’industrie.