Les investisseurs doivent repenser la manière dont ils appréhendent le risque. La faute à la Fed et sa politique non-conventionnelle conduite depuis le début de la crise financière. Pour Ben Inker, co-responsable de l’allocation d’actifs chez GMO, les investisseurs appréciaient le risque de manière quasi binaire : un risque sur la croissance (avec chute du prix des actifs risqués lorsque l’activité se contracte) ou risque d’inflation (qui déprime la valeur nominale des actifs).
La chute de la plupart des classes d’actifs et l’absence de classe permettant un minimum de diversification après les déclarations de la Fed sur la réduction des achats d’actifs en mai dernier ont montré, selon GMO, qu’il existe une troisième forme de risque : celui de la valorisation, ou plus précisément « le risque associé au taux d’actualisation d’un investissement » [ce taux d’actualisation permet de déterminer la valeur au jour d’aujourd’hui des flux que génèrera un investissement, NDLR].
Aujourd’hui, la relation est presque normalisée, comme le montre le graphique suivant.
Une grande différence avec la situation de septembre 2007, où les investisseurs devaient payer pour avoir le privilège de prendre du risque – au lieu d’être rémunérés pour le faire.
"Les obligations, les obligations indexées sur l’inflation, les matières premières, le crédit, les actions, l’immobilier – tout – a été acheté du fait des rendements extrêmement faibles offerts par le monétaire. C’est ce qui explique une vulnérabilité des marchés financiers rarement observée dans l’histoire", explique Ben Inker.
"Aujourd’hui, seule la valorisation permet de comprendre cette situation au regard des rendements du monétaire. Retirez cela, et la quasi-totalité des classes d’actifs pourrait subir une chute des prix, du fait de la remontée des taux d’actualisation", ajoute-t-il.
Comment éviter une telle situation ? Il existe peu de placements offrant une certaine protection dans l’environnement actuel. GMO évoque la détention de liquidités (monétaire), mais avec le risque de ne pas être rémunéré ou conseille de regarder du côté des produits à duration courte.
"Si la situation s’inverse dans les deux ans qui viennent, le cash deviendra soudainement une classe d’actif relativement attractive, mais personne ne sait si cela se produira. En conséquence, nous détenons des actifs dont nous savons qu’ils seront affectés lorsque les marchés devront encaisser une nouvelle phase de normalisation des taux d’intérêt", note Inker.
Pour aller plus loin
L'intégralité du commentaire de GMO est disponible sur le site de la société de gestion.