De tous les types de fonds, les fonds « market neutral » semblent être les moins utiles. Pour s’en assurer, les autres catégories de fonds sont plus risquées, plus fantaisistes ou plus dangereuses. Ou les trois. Par exemple, les variétés d’ETF à effet de levier, qui n’ont que des inconvénients à court terme, mais aussi sur longue période du fait de la manière dont l’effet de levier est utilisé. Il arrive parfois que, pour une courte période de temps, ces fonds produisent un profit.
[Les fonds « market neutral » ou neutres au marché tentent d’éliminer leur exposition au marché en détenant autant de positions longues que de positions à découvert. L’idée est que ces deux types de positions permettront de se protéger de la volatilité du marché, laissant le fonds avec un petit profit des mouvements des titres non liés à ceux du marché.]
Que peuvent faire ces fonds neutres au marché : certainement pas produire des profits élevés. A l’inverse des ETF à effet de levier qui évoluent en fonction de leur indice, les fonds « market neutral » sont en principe indépendants. Leur principal avantage réside dans leur risque faible ; l’inconvénient est le rendement produit, très faible. Si l’on fait abstraction de la contribution du gérant, un fonds au rendement d’un fonds neutre au marché est le rendement monétaire moins les frais de gestion. C’est le béta du fonds. Le cash moins les dépenses. Pas grand-chose.
En fait, c’est même moins que cela. Avec un rendement monétaire proche de zéro, et des frais de gestion qui sur cette catégorie se situent en moyenne à 1,8%, le rendement des fonds neutres au marché est négatif. Formidable !
Ce rendement est complété par la contribution du gérant. Arrêtons-nous sur ce point. Dans l’univers de la gestion traditionnelle, il est rare de trouver des gérants capables de produire une performance régulière grâce à une sélection astucieuse de titres. Dans l’univers « market neutral », on ne trouve pas moins de 39 fonds [aux Etats-Unis, NDLR] – qui, rappelons-le – rapporte moins que le cash si l’on fait abstraction du talent du gérant. Lequel doit donc être hors du commun.
Dans cet univers, les meilleurs élèves produisent un rendement sur 10 ans de 3,75% et 3,74% respectivement. Pendant ce temps, il existe des fonds investis dans des titres gouvernementaux de court terme et qui ont produit 3% par an en moyenne avec deux fois moins de volatilité.
Les conclusions de telles observations semblent claires. Les ETF incluent un béta élevé, un faible niveau de frais et un rendement faible, voire nul. Les fonds neutres au marché font l’inverse. Les deux types de produits sont proposés depuis les années 1990. Le béta et les coûts sont des constantes bien réelles. La capacité à générer de l’alpha l’est beaucoup moins. L’industrie des ETF a eu la bonne approche et gère aujourd’hui 2.000 milliards de dollars. Ce qui n’est pas le cas des fonds « market neutral ».