Les actions émergentes ont longtemps semblé être une classe d’actif peu risquée. Du début des années 2000 à la crise des subprime, certains fonds ont donné l’impression d’être sur une longue trajectoire d’appréciation du capital investi.
Mais depuis que la récession a frappé plusieurs pays développés et que la crise de la dette en zone euro s’est installée dans le paysage, la Chine a connu un ralentissement de son rythme de croissance et de nombreux pays émergents sont devenus des zones risquées pour les investissseurs – situation qui n’a fait que s’amplifier depuis les commentaires de la Fed sur sa politique non conventionnelle (le fameux « tapering »).
Investir dans cette classe d’actifs est particulièrement délicat et même certains gérants professionnels, y compris les plus aguerris, se sont parfois fait prendre au piège.
« Les perspectives de croissance des pays émergents ont été largement revues en baisse, au moins pour les 4 grands BRICs (Brésil, Russie, Inde et Chine) », observe Oliver Kettlewell, analyste chez Morningstar.
« C’est un renversement de tendance, car par le passé ces pays avaient l’habitude de dépasser régulièrement les anticipations de croissance du marché. »
Il n’y a pas que la situation macro-économique. Les profits des entreprises déçoivent également, avec dans certains pays l’effet défavorable des hausses de salaires et de l’envolée du cours des matières premières. La Chine et la Thaïlande ont été les témoins du départ de sociétés multinationales, qui ont préféré relocaliser dans leur pays d’origine certaines activités manufacturières.
Les trois dernières années ont été particulièrement difficiles et la perspective de la réduction des achats d’actifs par la Fed n’a fait que compliquer la situation.
Omar Negyal de J.P.Morgan Emergint Market Income Investment Trust admet que les marchés émergents et les dividendes ne sont pas automatiquement associés dans l’esprit des investisseurs, mais que la combinaison du revenu et de la croissance a en fait été une importante source de performance de la classe d’actif.
« La classe d’actifs offre aux investisseurs un moyen de diversifier les sources traditionnelles de revenu, en allant vers une classe d’actif diversifiée par son mix de pays, de devises, de secteurs et de sociétés et qui commence à prendre une part croissante de la capitalisation boursière mondiale », explique Omar Negyal.
« Outre la diversification, nous pensons qu’un attrait pour les investisseurs est le potentiel de combinaison de l’appréciation du capital et du revenu, qui, composé sur plusieurs années, peut produire un résultat significatif », ajoute-t-il. Le revenu permet de réduire le risque associé à la classe d’actif.
Aujourd’hui, il existe 366 sociétés émergentes ayant une capitalisation supérieure à 1 milliard de dollars et offrant un rendement du dividende de plus de 4%. En France, seules 37 sociétés sont dans cette situation.
Même sentiment de la part de Julian Mayo chez Charlemagne Capital, lequel pointe une valorisation relativement attrayant des actions émergentes par rapport à la dette émergente.
« Les actions émergentes sont également bon marché lorsqu’on les compare aux actions des pays développés, ce qui suggère l’idée que cette classe d’actifs a été trop sanctionnée », explique-t-il.
Il faut toutefois noter que les fonds en actions émergentes cherchant le dividende sont relativement peu nombreux.