La faillite de Lehman Brothers avait provoqué « l’arrêt cardiaque » du système financier mondial. 5 ans après, celui-ci fait preuve d’une bien meilleure santé, si l’on regarde l’évolution des principaux indices mondiaux (graphique).
Les Bourses ont globalement bien remonté la pente. Mais seuls Wall Street et les pays émergents ont réellement émergé, si l’on se réfère non plus à la date de la chute de Lehman, mais au début de 2007, date des premiers signes de la crise des subprime.
En termes de rendement total, l’or et le haut rendement sont les deux classes d’actifs affichant les meilleures performances sur 5 ans. La dette émergente suit de peu (malgré le mouvement de correction entamé depuis le mois de mai dernier).
Mais si les marchés financiers ont bien digéré la faillite de Lehman puis la crise de la dette en zone euro, l’économie mondiale est toujours convalescente. La croissance des pays développés reste faible (2% aux Etats-Unis, idem au Japon pendant que l’Europe sort tout juste de récession avec une croissance autour de 0,5%). Les pays émergents ralentissent de manière sensible et doivent gérer une nouvelle phase de volatilité de leurs devises.
La grande déconnexion entre finance et économie réelle est toujours là. Si les banques centrales, par leurs injections de liquidités, ont bien permis de « reflater » de nombreuses classes d’actifs, elles n’ont eu qu’un impact limité sur l’économie réelle. La raison en est que le cycle du crédit, qui reste au cœur du développement économique des pays, ne repart pas avec la même vigueur aux Etats-Unis, en Europe ou dans les émergents.
La croissance post-Lehman reste bien inférieure à celle d’avant la crise financière. Ainsi, aux Etats-Unis, la croissance du PIB était en moyenne de 3,2% par an entre 2003 et 2006 ; elle est de 2,2% par an depuis 3 ans. Un écart qui s’explique par la pression sur les salaires (taux de chômage élevé) et par l’impact de l’ajustement budgétaire engagé depuis 2008.
Ce qui attend les investisseurs pour les 5 prochaines années dépendra donc de la capacité des pays développés à retrouver un rythme de croissance plus soutenu. Cette période s’ouvre sur un test inédit. 5 ans après la faillite de Lehman, la Fed devrait engager pour la première fois un mouvement de réduction de sa politique non-conventionnelle, avec une réduction des achats d’actifs qui devrait se situer entre 10 et 15 milliards de dollars chaque mois.
Cette perspective a entraîné, pendant l’été, un regain de volatilité sur les marchés financiers. Et le mouvement de remontée des taux d’intérêt, s’il ralentit, n’est pas encore terminé. Le mouvement d’appréciation des actifs risqués n’est sans doute pas terminé, en particulier en Europe où les investisseurs internationaux semblent revenir et où les niveaux de valorisation sont toujours raisonnables. Et relativement aux obligations, qui devraient pâtir de la hausse des taux, la valorisation des actions est attrayante.
Mais compte tenu de la convalescence de l’économie mondiale et des incertitudes qui peuvent naître ponctuellement à divers endroits de la planète, ce mouvement d’appréciation qui se dessine ne sera pas un long fleuve tranquille.