La fin de l’accord de coopération entre Rolls-Royce et Pratt Whitney, filiale de l’américain United Technologies, ne devrait pas affecter les projets de croissance du motoriste anglais.
Rolls-Royce est l’une des quatre entreprises au monde à pouvoir développer et fabriquer des moteurs pour avions de ligne monocouloir, une des raisons clefs qui expliquent pourquoi la société bénéficie d’un avantage concurrentiel substantiel sur ses marchés finaux. Cela étant, Rolls-Royce pourrait connaître quelques difficultés à croître – les dépenses de défense sont sous pression à l’échelle mondiale et le groupe manque de présence sur les nouvelles générations d’avions monocouloir.
Les alliances et coentreprises sont nombreuses dans le domaine de la motorisation pour l’aviation civile, où le partenaire sur une plate-forme peut être concurrent sur une autre. Chaque société a une bonne connaissance des compétences technologiques de ses concurrents. La concurrence, bien qu’intense, autorise une rentabilité suffisante lorsque les groupes investissent sur de nouvelles plates-formes. La gamme Trent de Rolls-Royce a pris des positions commerciales majeures sur certaines gammes d’avions, y compris le Boeing 787 et les Airbus A380 et A350. Chacune de ces plates-formes devrait assurer une demande soutenue dans les années à venir.
L’absence de Rolls-Royce sur les prochaines générations d’avions monocouloir est la seule faiblesse du groupe pour le moment. Nous pensons que le gros des livraisons d’avions continuera de profiter au segment des monocouloirs, laissant les sociétés plus exposées aux avions plus gros une moindre part des profits. Nous pensons que l’incapacité de Rolls-Royce à trouver une place à bord d’un avion monocouloir rappelle de manière sinistre la décision de Pratt & Whitney de se focaliser uniquement sur les grands avions de ligne, laissant un boulevard à General Electric et lui permettant de détenir des positions de premier plan durant trois décennies. Il est trop tôt pour dire quelles seront les conséquences d’une telle décision et si celle-ci fait sens, mais les précédents en la matière ne sont pas rassurants.
Rolls-Royce a tenté de tirer parti de son savoir-faire de motoriste dans d’autres activités, y compris dans le domaine maritime ou dans la production d’énergie sur des sites offshore. L’activité maritime a pesé sur les marges du groupe et nous craignons que ses contre-performances ne pèsent sur la rentabilité du capital à court terme. Bien que la stratégie de long terme soit centrée sur les applications liées à l’énergie, nous pensons que les investisseurs devront attendre pour qu’un tel pari n’ait un impact positif sur les résultats du motoriste.