Le moins que l’on puisse dire est que le panel de gérants présents à Patrimonia partageait une vue pour le moins optimiste sur les actions, et en particulier sur les actions de la zone euro, et particulièrement prudente sur les obligations souveraines dites « core » (américaines ou allemandes). Même si, comme l’observe Philippe Delienne, Président de Convictions Asset Management, « les Etats-Unis restent le moteur central de la croissance mondiale », le monde ne peut plus se permettre de nouvelle crise.
Les banques centrales ont utilisé une grosse partie de leur arsenal d’intervention (taux d’intérêt, assouplissement quantitatif, communication avec la « forward guidance »). Et le principal défi des investisseurs est de s’adapter à un monde où le montant des liquidités est appelé à se réduire.
Dans ce contexte, quelles classes d’actifs privilégiée. « On a eu un choc obligataire aux Etats-Unis, et le risque de nombreux pays développés est de devoir poursuivre leur désendettement avec des taux qui montent », note Marc Fabayre, directeur du développement commercial de Generali Investments.
La classe d’actif actions en Europe recèle en revanche du potentiel, surtout si l’environnement économique se stabilise. « Il n’est pas nécessaire d’avoir un scénario très optimiste pour avoir un rebond des actions », note Ingrid Trawinski de Métropole Gestion. « Une stabilisation suffirait pour voir une poursuite du rebond des résultats et des marchés. »
La gérante observe que si les profits des entreprises américaines dépasseront cette année de 30% leur niveau de 2007, en Europe, la situation est inversée dans des proportions de 30% à 40%. « Il existe beaucoup de valeur décotées, y compris dans la périphérie de la zone euro », explique-t-elle en citant de petites banques italiennes sous-évaluées.
Christophe Blesson, chez CM-CIC Asset Management, note que la recherche de rendement dans l’univers obligataire est de plus en plus compliquée. La reprise progressive de la croissance économique pourrait profiter aux obligations convertibles et au high yield, mais les investisseurs devront être sélectifs.
Pour les CGP privilégiant les fonds, Mirela Agache, d’Oddo Asset Management, rappelle toutefois qu’il faut être tout aussi sélectif que sur le choix de titres vifs : selon elle, les gérants ayant affiché une faible volatilité en 2011 et qui ont bien collecté en 2012 ont dans l’ensemble affiché des performances décevantes en 2013. « Il est important de comprendre les biais structurels des gérants et de diversifier », affirme-t-elle.
Pour 2014, les professionnels du panel recommandent d’éviter les obligations souveraines, le crédit « investment grade » ou la dette émergente, au profit du haut rendement et des actions, avec un focus sur les actions européennes, y compris les petites et moyennes valeurs. « La prime de risque est encore assez élevée, de nombreux titres plutôt value offrent un important potentiel de rattrapage », note Ingrid Trawinski.