L’industrie européenne de la gestion d’actifs a fluctué au gré du changement de sentiment des investisseurs ces trois derniers mois. Lorsque la Réserve fédérale a déroulé son calendrier pour réduire ses achats d’actifs (baptisé « QE3 ») en mai dernier, les investisseurs ont massivement vendu leurs titres, et retiré d’importantes quantités de capitaux des fonds.
La hausse des taux d’intérêt longs aux Etats-Unis, qui sont passé d’en-dessous de 2% en mai à près de 3% en septembre, ont contribué à ce surcroît de nervosité, entraînant un mouvement de vente de fonds obligataires en euros et en dollars (avec un impact significatif sur certains acteurs, au premier rang desquels figure PIMCO).
Une conséquence moins évidente a été la détérioration rapide des marchés d’actions et d’obligations émergentes, lesquels avaient jusqu’alors profité de flux massifs de capitaux provoqués par des taux d’intérêt historiquement bas. La perspective d’un resserrement monétaire et d’une remontée des taux a convaincu les investisseurs de vendre leurs investissements dans les pays émergents.
Il reste à voir si le refus de la Fed, le 18 septembre dernier, de réduire dès à présent ses achats d’actifs va ramener un peu de calme dans l’esprit des investisseurs ou si la nervosité va persister. Les banques centrales de plusieurs pays émergents – Brésil, Indonésie, Inde – ont rapidement réagi pour défendre leur devise en relevant leurs taux courts. Les pessimistes quant à la situation des émergents peuvent toutefois avancer que la dégradation de leur situation pourrait à terme impacter les pays développés.
L’industrie de la gestion collective européenne a été de nouveau pénalisée par une décollecte au cours du mois d’août, qui se chiffre à 2,13 milliards d’euros. Les obligations ont particulièrement souffert avec 7,93 milliards d’euros de sorties de capitaux. Les actions ont elles aussi subi une décollecte de 683 millions d’euros. La demande pour les fonds d’allocation est restée solide, avec une collecte de 4,31 milliards d’euros, en particulier sur les fonds qui suivent une stratégie de rendement absolu. Les flux sur les stratégies alternatives ont progressé de 1,44 milliard d’euros.
Si les fonds ayant une optique de long terme ont décollecté en août, les fonds monétaires ont profité du mouvement « risk-off », avec 7,85 milliards d’euros d’encours collectés, alors qu’au cours des quatre derniers mois, cette classe d’actifs subissait des retraits de capitaux. Du fait de rendements quasi-nuls, ces produits orientés sur le court terme ont subi 23,31 milliards d’euros de décollecte depuis le début de l’année, montant qui atteint 45,51 milliards sur les 12 derniers mois.