Beaucoup de drame, les parlementaires ont finalement repoussé à l'année prochaine la question de l'arrêt du gouvernement et de la limite de dette. Une issue que le marché n'avait cessé d'anticiper.
Au lieu de cela, la publication des résultats de Google, les discours accommodants de la Fed et l'amélioration des données du PIB chinois ont largement animé les marchés. Sur la semaine, l'indice S&P 500 a pris 2,4%, atteignant un nouveau record historique à 1.745 points. L'indice Stoxx 600 A progressé de 2,2% à 318,47 points. En France, le CAC 40 a terminé à 4.286 points, retrouvant pour la première fois son niveau de septembre 2008.
Les obligations ont également connu une belle semaine, profitant des déclarations de la Fed, des données économiques molles et l'absence de défaut de l'économie américaine. Le rendement du 10 ans américain a reculé à 2,59% alors qu'il était proche des 3% il y a quelques semaines. De meilleures nouvelles en provenance de Chine ont également soutenu les marchés de matières premières.
Pourtant, les Bourses semblent ignorer que l'économie est chancelante et que la croissance des profits est décevante. A cause de l'arrêt du gouvernement, les statistiques économiques étaient bien moins nombreuses que d'habitude.
Les rares nouvelles ont montré que les ventes dans les centres commerciaux ont été faibles, et que les inscriptions au chômage sont toujours élevées. Cette semaine, on connaîtra mardi le rythme des créations d'emplois, et nous n'attendons pas de chiffre supérieur à 160.000.
En ce qui concerne l'arrêt du gouvernement et le débat sur le plafond de dette, le problème a été repoussé à plus tard et les incertitudes demeurent. Au-delà des gros titres, les Républicains n'ont pas subi de déculottée. Le séquestre reste en opération.
Dès le mois de juillet, le Président avait prévu que le séquestre serait rejeté en septembre, à temps pour dépenser plus d'ici la fin de l'année fiscale 2013. Maintenant, le séquestre est maintenu jusqu'au début de 2014, assurant 4 mois de réduction drastique des dépenses dans les budgets de la Défense et des programmes sociaux.
Malgré des déclarations indiquant le contraire, l'impact du séquestre se fera bien sentir en 2014. L'impact des coupes budgétaires et des hausses d'impôts participe à l'une des contractions fiscales les plus douloureuses depuis des décennies.
La Fed de nouveau sous les projecteurs
Les gouverneurs de la Fed se sont exprimés durant la semaine passée. Dans l'ensemble, les informations semblent indiquer que la Fed est bien moins optimiste quant à la croissance de l'emploi. Les gouverneurs Narayana Kocherlakota (Minneapolis) et Charles Evans (Chicago) ont indiqué que l'action de la Fed devrait continuer à être accommodante un certain temps au regard du niveau toujours élevé du chômage.
Compte tenu du manque de données, du caractère mou des rares statistiques publiées et des déclarations de la Fed, il semble plus que logique d'anticiper qu'aucun "tapering" n'interviendra en 2013 et que ce sera plutôt le sujet de 2014.
Croissance des profits décevante
Les anticipations de croissance pour le troisième trimestre étaient sans relief, se situant entre 1% et 3% de hausse des résultats. Quelques exceptions sont venues réveiller la cote, à l'instar de Google, qui a battu à la fois les anticipations de résultats et de chiffre d'affaires, et a franchi pour la première fois le seuil symbolique des 1.000 dollars l'action. Les indications données par des entreprises industrielles comme General Electric ou Danaher allaient, elles aussi, dans le bon sens, même si les ventes de GE étaient en repli.
Dans le secteur financier, le gros des sociétés cotées ont publié leurs résultats. Ce dernier devrait enregistrer la plus forte progression de ses profits au sein du S&P 500 pour le trimestre écoulé. Les financières se sont bien comportées même si les volumes de trading ont ralenti, pénalisant les banques d'affaires, tandis que les banques commerciales ont traité un peu moins de prêts hypothécaires.
Plus inquiétantes ont été jusqu'ici les perspectives communiqués pour le quatrième trimestre. Avec la croissance des résultats de 3% au premier, deuxième et vraisemblablement au troisième trimestre, les 10% de croissance attendus au quatrième trimestre semblent pour le moins irréalistes. Cela semble d'autant plus vrai au regard de l'arrêt du gouvernement, la hausse des taux d'intérêt, et les incertitudes fiscales qui pèseront au quatrième trimestre.
La Chine ne ralentit plus
Les observateurs de l'économie chinoise ont été satisfaits par la croissance de 7,8% du troisième trimestre. Ce chiffre était supérieur aux 7,7% du premier trimestre et aux 7,5% du deuxième trimestre. Même s'il n'a rien d'exceptionnel au regard de l'histoire du pays des 20 dernières années, les analystes ont été rassurés que le ralentissement de l'économie chinoise ait marqué un temps d'arrêt.
L'essentiel de l'amélioration est à mettre sur le compte des programmes de soutien décidés en juin, et, à un moindre degré, à la sortie de récession de l'Europe. Sur neuf mois, l'activité du pays a progressé de 7,7%, soit plus que l'objectif gouvernemental de 7,5%. La mauvaise nouvelle est que les dépenses d'investissement ont progressé de 20% sur neuf mois, mais que les ventes au détail n'ont augmenté que de 13%.
Le gouvernement chinois se rend compte que la transition vers un modèle tiré par la consommation est plus difficile à mettre en place que prévu. Les marchés de matières premières ont néanmoins apprécié la nouvelle et ont vivement rebondi.