Avec la publication de ses résultats du troisième trimestre, Crédit Agricole a annoncé la cession pour 275 millions d'euros de ses 50% au capital de Newedge, lesquels sont repris par Société Générale, son autre actionnaire. Dans le même temps, la banque verte reprend 5% de la part de Société Générale au capital d'Amundi pour 337,5 millions d'euros, lui permettant de détenir 80% du capital du gestionnaire d'actifs.
La taille de ces deux transactions est modeste au regard des fonds propres du Crédit Agricole (41 milliards d'euros). Nous pensons toutefois que ces deux transactions marque une évolution positive de la stratégie du groupe - se désengager des activités de banque d'investissement où l'établissement n'a plus de taille critique et se focaliser sur la banque de détail.
Néanmoins, ces évolutions ne modifient pas notre vue fondamentale sur Crédit Agricole, à savoir que le groupe aura du mal à trouver des niveaux de rentabilité élevée même en cas de remontée des taux d'intérêt, qu'il est sous-capitalisé et que sa structure capitalistique ne sert pas au mieux les intérêts des actionnaires minoritaires.
Notre juste valeur est maintenue inchangée. Elle intègre une probabilité de 20% qu'une nouvelle augmentation de capital soit réalisée, Crédit Agricole étant l'établissement bancaire européen disposant du plus faible volant de fonds propres.
Nous pourrions toutefois modifier notre juste valeur si nous venions à revoir notre estimation du coût du capital (12% actuellement) pour tenir compte de la transformation du modèle économique de la banque et la moindre exposition aux métiers cycliques de la banque d'investissement. Généralement, nous retenons plutôt un coût du capital de 10% pour les banques fortement exposées au détail, et une telle diminution du coût du capital pourrait conduire à une hausse allant jusqu'à 20% de notre juste valeur.
Les résultats du troisième trimestre ne comportaient aucune nouvelle significative - la rentabilité des fonds propres reste insuffisante à 7,9%. Le ratio de capitaux propres tangibles n'est que de 2,1% selon nos calculs, traduisant la sous-capitalisation de la banque.
Le titre est noté 2 étoiles, avec une juste valeur de 6,30 euros et un avantage concurrentiel étroit ("narrow moat").