L'économie envoie des signaux déconcertants

Les anticipations d'une accélération de la croissance américaine en 2014 sont sans doute exagérées, estime Robert Johnson de Morningstar.

Robert Johnson, CFA 10.11.2013
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Avec peu de données macro-économiques et de résultats sur la semaine écoulée, les marchés ont évolué sans réelle tendance jusqu'à mercredi, que ce soit pour les actions ou les obligations. Ils ont brutalement chuté jeudi après la publication d'un PIB plus fort que prévu, conduisant les intervenants à de nouveau s'inquiéter du risque de réduction des achats d'actifs par la Fed. Et vendredi, avec un bon rapport de l'emploi, Wall Street a, de manière surprenante, rebondi.

Les données économiques publiées n'étaient pourtant pas très solides. Les ventes au détail sont restées sur un rythme annuel de 2% et les inscriptions au chômage sont au même niveau qu'il y a un trimestre.

Même le PIB semble manquer de dynamisme. Les 2,8% de croissance annoncés sont principalement le résultat de la hausse des exportations et de l'augmentation des stocks. La consommation des ménages est, elle, orientée à la baisse. Les dépenses d'investissement des entreprises ont également reculé. Difficile, sur la base de ces éléments, de voir comment la Fed pourrait commencer à réduire ses achats d'actifs.

L'ISM des services a été le seul élément qui était solide sans équivoque. Toutefois, cette statistique ne nous semble pas très pertinente.

Les optimistes voient une hausse de 3,5% du PIB en 2014

Nous avons du mal à croire à une accélération significative de la croissance du PIB américain l'an prochain. Le consensus la voit actuellement à 3%, mais les mesures d'austérité budgétaire enlève déjà un point de pourcentage à la croissance. L'atténuation des coupes budgétaires pourrait donc en théorie conduire à un rythme de croissance plus soutenu l'an prochain. Si l'on tient compte de la reprise économique mondiale, la croissance américaine pourrait ainsi se situer entre 3,25% et 3,5%.

Cette analyse a sa logique. L'augmentation des dépenses publiques attendue l'an prochain sera limitée et se focaliser surtout sur le financement des retraites plutôt que sur les dépenses d'infrastructure ou la construction. Son impact sur l'activité sera donc limité.

En outre, si le pétrole, l'immobilier ou l'automobile sont susceptibles d'avoir une contribution importante à la croissance du PIB, leur rythme de croissance devrait ralentir courant 2014. Les ventes d'automobiles ont bondi de 10,4 millions d'unités en 2010 à un chiffre estimé de 15,5 millions en 2013. L'an prochain, ce chiffre dépassera difficilement les 16,2 millions, ce qui signifie que le taux de croissance va sensiblement ralentir. Et il est difficile ce qui va combler le manque de croissance.

L'augmentation des taux d'intérêt n'aidera pas non plus. Cela ne doit certes pas conduire à anticiper une catastrophe en 2014. Mais au final, la croissance sera toujours aussi molle et décevante.

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A propos de l'auteur

Robert Johnson, CFA  Robert Johnson, CFA, is director of economic analysis with Morningstar.