Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par Nick Clay, membre de l’équipe de gestion de Newton Investment Management.
Un nombre important d’investisseurs pourraient croire que nous sommes revenus à la période de la « Grande Modération », un monde dans lequel tout monte et ce de manière presqu’infinie. Nous ne partageons pas cette vue.
Selon nous, nous sommes toujours dans un monde volatil et surendetté où les marchés sont artificiellement élevés. Ils sont sous l’influence d’une drogue, le « quantitative easing », et les trillions de dollars de liquidités qui ont été injectées.
Tout le monde a l’impression que la situation s’améliore mais est-ce réellement le cas ? Si cela était réellement le cas, cela signifierait que Ben Bernanke a été capable de transformer en profondeur la théorie économique. En réalité, tout ce que le « QE » a permis de faire c’est de reporter l’ajustement inévitable des niveaux de dette au niveau mondial. La reprise économique mondiale demeure fragile – il suffit de regarder la chute des demandes de prêts hypothécaires l’été dernier après que la Fed a simplement évoqué un début de réduction de l’assouplissement quantitatif.
Les investisseurs frappés d’amnésie collective
Nous n’avons toujours pas atteint le seuil où l’économie repart d’elle-même et accélère (« escape velocity »). Dans certains pays, comme le Royaume-Uni, l’écart entre la hausse des prix (+10% depuis le début de l’année) et les salaires (+1%) est impressionnant. Mais surtout de telles évolutions ne sont pas durables. Pourtant, les modalités de financement qui avaient participé à l’émergence d’une bulle sont toujours en place et bien actifs. Les entreprises continuent de racheter leurs propres actions et d’en émettre de nouvelles, recyclant les liquidités injectées par les banques centrales.
Que faudrait-il pour confirmer l’idée que la croissance économique est de retour sur une base plus pérenne ? Nous devons voir avant tout une reprise de l’emploi à temps plein, une croissance des revenus réels, un rebond de l’investissement des entreprises et une croissance réelle du chiffre d’affaires.
Garder une vue de long terme
Quelques statistiques un peu mieux orientées aux Etats-Unis ont donné l’impression que l’économie mondiale était en train de se redresser. Nous pensons que les pays développés dans leur ensemble sont toujours confrontés à un niveau d’endettement encore trop élevé. Les investisseurs ont leur attention accaparée par l’action des banques centrales, les marchés financiers devraient continuer à être volatils pendant encore un bon moment.
Dans un environnement aussi difficile, nous croyons qu’avoir une vue de long terme fait sens. Nous continuons de croire aux entreprises ayant une duration longue, qui bénéficient de fondamentaux solides et apportent un niveau de rendement durable et attractif. En somme, il est toujours opportun de rechercher des titres offrant du rendement.