Le secteur bancaire européen est toujours risqué

Le régulateur européen et les investisseurs ne se focalisent pas sur les bonnes mesures de risque pour évaluer la santé des banques, estime Erin Davis de Morningstar.

Erin Davis 24.11.2013
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La Banque centrale européenne se prépare à effectuer un nouveau test de résistance pour les banques européens. Nous pensons qu’elle ne regarde pas les bons indicateurs. Du fait du bond du secteur bancaire en Bourse depuis 16 mois, nous pensons que les investisseurs pourraient eux aussi faire preuve d’un optimisme excessif sur le secteur bancaire.

Nous reconnaissons que le secteur est dans une bien meilleure situation financière, son ratio « core Tier 1 » ayant progressé de 10% en 2010 à 13,5% aujourd’hui. Cependant, nous conseillons aux investisseurs de faire attention au fait que d’autres mesures du risque ou de la santé financière du secteur ne se sont pas améliorés dans la même proportion que leur niveau de capital réglementaire.

Par exemple, une mesure pertinente (le capital tangible rapport aux actifs tangibles) montre que la majorité des banques européennes ne respectent pas les standards en la matière. Les investisseurs qui pensent anticiper des jours meilleurs pour le secteur devraient faire preuve de prudence.

La santé des banques s’est-elle améliorée ? Le cours des banques européennes a bondi de 66% depuis juillet 2012, lorsque Mario Draghi a promis de tout faire pour sauver l’euro. L’amélioration rapide des ratios de capitaux ont convaincu les investisseurs que les banques étaient bien sur la voie de la convalescence. Nous pensons que cette approche est dangereuse, car les banques européennes sont toujours fortement endettées avec des ratios de capitaux propres tangibles inférieurs à 5%.

Le choix par le régulateur d’un calcul de capital basé sur les actifs pondérés est peu judicieux. La recherche académique et celle des banques centrales montre que les mesures de capital basées sur le risque sont incapables de prévoir les faillites bancaires, quand des simples indicateurs d’endettement ont un pouvoir explicatif 10 fois plus efficace.

Les mesures basées sur le risque sont trop complexes et mesurées de façon changeante. Les mesures de risque pondéré sont devenues impossibles à évaluer de manière adéquate par les investisseurs ou les régulateurs. En outre, les mesures de risque montrent des variations importantes d’une banque à l’autre – la BRI trouve ainsi un écart type de 31% entre 15 banques qui utilisent des modèles internes pour évaluer les besoins en capital d’un portefeuille test.

Quelles mesures sont pertinentes pour les investisseurs ? Nous pensons que le ratio de l’actif net tangible sur les actifs tangibles est un indicateur pertinent de la santé financière d’une banque, et que ce ratio devrait être utilisé avec d’autres mesures pondérées du risque pour donner une vue adéquate de la situation en capital. Si la majorité des banques respectent les mesures de capital pondérées du risque, seuls six établissements passent notre test d’avoir un ratio de fonds propres tangibles entre 5% et 7%.

HSBC, Standard Chartered et UBS sont les banques les mieux positionnées. Lloyds Banking Group et BNP Paribas sont également bien positionnées, avec un ratio de fonds propres tangibles proche de 5% et une stratégie claire de bâtir une activité de banque de détail solide et peu risquée.

Pour aller plus loin

L’étude complète sur le secteur bancaire, datée du 22 novembre, est disponible sur Select, le site de la recherche actions et crédit de Morningstar :

 European Banks Aren’t As Healthy As Investors Think

 

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
BNP Paribas Act. Cat.A58,48 EUR-0,05
HSBC Holdings PLC767,90 GBX1,35Rating
Lloyds Banking Group PLC54,82 GBX1,11Rating
Standard Chartered PLC1 000,50 GBX1,06Rating

A propos de l'auteur

Erin Davis  Erin Davis is a senior stock analyst for Morningstar.