« La quête du rendement se poursuit sans relâche ». C’est par ces mots que la Banque des Règlements Internationaux qualifie dans son dernier rapport trimestriel l’environnement actuel des marchés financiers.
Si la banque des banques centrales reconnaît que les politiques monétaires accommodantes expliquent cet « quête du rendement », elle s’inquiète de la montée des risques qui l’accompagne. L’institution observe une augmentation du nombre de prêts « à effet de levier » - qui résulte « à la fois de l’émission accrue de prêts plus risqués et d’un moindre volume dans le segment plus sûr de la gamme » [graphique de droite].
Source: BRI
Cette quête de rendement, qui a largement profité à des classes d’actifs risqués comme les obligations à haut rendement, s’oriente aussi vers d’autres produits comme les actifs adossés à des prêts immobiliers – ce qui a suscité « l’attention des autorités de contrôle », observe la BRI.
Un tel environnement – certes marqué par une reprise de l’activité économique et des bilans d’entreprises plutôt sains en particulier dans les pays développés – n’est pas exempt de risques.
« Si les écarts de rendement rendent compte du risque de crédit perçu, ils peuvent aussi être à l’origine d’une hausse des taux de défaut. Un environnement de taux faibles encourage naturellement l’octroi de crédit abondant et bon marché. (…) Si un tel processus est effectivement à l’œuvre, il ne fait aucun doute que sa viabilité sera mise à l’épreuve lors de la normalisation, à terme, de l’orientation des politiques monétaires », écrit la BRI.
En bref, lorsque les banques centrales entameront la sortie de leurs politiques ultra-accommodantes – ce qui devrait débuter dès l’an prochain avec la Fed – les investisseurs devront réajuster leur évaluation des primes de risque et il n’est pas certain que les taux de défaut ne remontent pas alors, ce qui sera source de volatilité pour les marchés financiers.
Le corollaire d’une prise de risque « laisse penser que l’appétit des investisseurs pour le risque a peut-être gonflé les valorisations de crédit sur les marchés de capitaux, maintenant ainsi les taux de défaut à un taux artificiellement bas. »
L’étude de la BRI pointe par ailleurs la situation toujours délicate des banques, dont les conditions de financement sont aujourd’hui moins favorables que les entreprises non financières.
« L’environnement du crédit a bénéficié davantage aux grandes entreprises non financières qu’aux banques sises dans les économies avancées. (…) Si l’écart [des coûts de financement] s’est rétréci récemment, surtout aux Etats-Unis, il continue d’exercer une pression à la hausse sur les taux de prêt pratiqués par les banques. »