Contrairement à ce qu’enseigne la théorie financière « moderne », la Bourse et les mouvements des cours sont avant tout une affaire de psychologie.
La finance est loin d’être une science exacte, chaque investisseur ayant sa propre façon d’évaluer la valeur d’un titre et de décider s’il l’achètera ou le vendra (sans tenir compte d’autres considérations comme l’horizon de placement, le type d’investisseur, l’environnement réglementaire ou fiscal…).
Benjamin Graham, père de l'analyse financière et de la gestion value, avait affublé ce comportement erratique des cours de Bourse avec l'expression « Monsieur le Marché » - une expression qui fait aujourd’hui l’objet d’une mesure à partir d’indicateurs et de ratios divers et variés, très suivis par les investisseurs professionnels et les courtiers.
Dans sa note de stratégie datée du 9 décembre, Barclays évoquait un grand optimisme des investisseurs, que la banque illustrait à travers une enquête auprès d’investisseurs américains mesurant la différence entre les optimistes (« bulls ») et les pessimistes (« bears »). Alors que le nombre d’optimistes dépassait de 13% le nombre de pessimistes fin août, cet écart atteint aujourd’hui 40%, soit un niveau historiquement élevé comme l’illustre le graphique suivant. Un niveau d’optimisme qui coïncide avec des indices boursiers américains à des niveaux record.
D’autres enquêtes tentent de mesurer le sentiment des investisseurs par le biais des marchés d’options en rapportant le nombre de contrat pariant sur une hausse des indices (call) à ceux jouant une baisse (put).
Une autre manière d’évaluer le sentiment des investisseurs est de suivre un indicateur important pour les investisseurs, celui de la volatilité (VIX aux Etats-Unis ou VSTOXX en Europe). Cet indicateur, actuellement à des niveaux très bas des deux côtés de l’Atlantique, permet de déterminer le degré d’aversion au risque des investisseurs.
Les courtiers et banques conduisent également des enquêtes auprès des investisseurs pour déterminer leur positionnement et leur sentiment sur un certain nombre de thématiques importantes à considérer : quelle est la part de cash dans les portefeuilles ? Les investisseurs professionnels ont-ils plutôt tendance à sur-/souspondérer telle ou telle classe d’actifs, tel secteur ?...
Un autre élément important à suivre porte sur la manière dont les analystes prévoient l’évolution à venir des profits des sociétés cotées – on parle de mouvement de révision à la hausse ou à la baisse, ou de « momentum » pour qualifier ce sentiment des professionnels de marché. On a pu voir récemment que le sentiment des analystes est relativement prudent, même si, selon Barclays cette tendance baissière serait en train de se redresser.
Enfin, un autre indicateur important est celui des flux : où va l’argent ? Un indicateur dont Morningstar suit l’évolution et qui permet d’appréhender régulièrement quelles classes d’actifs et quels types de stratégies les investisseurs privilégient.
Si tous ces éléments donnent aux investisseurs un moyen pour « sentir » le marché, il reste que le choix de titres financiers ou de fonds repose avant tout sur une analyse approfondie de ces différents supports d’investissement.
Au début de cette année, Howard Marks expliquait dans un de ses fameux memos que le « prix d’un actif est le principal déterminant de son risque. » En gros, le risque est élevé lorsque plus personne ne pense qu’il n’existe de risque ou, son corollaire, lorsque les prix atteignent des records. Un message répété dans son dernier memo, qui s’inquiétait de la baisse de l’aversion au risque de la part des investisseurs.