Les actions sont aujourd’hui la classe d’actifs préférée des investisseurs. Les obligations – souverains « core » et obligations privées de catégorie investissement – sont considérées comme chères.
Entre les deux, les obligations convertibles, qui offrent à la fois le coupon d’une obligation et l’optionalité d’une conversion en actions, restent une source d’interrogation pour certains investisseurs, d’autant qu’elles ont bien performé en 2013 et que le marché primaire a été actif (graphiques).
Une valorisation tendue
« De manière générale, la valorisation de la classe d’actifs nous semble très chère », souligne Etienne Gorgeon, directeur des investissements de Tikehau IM. « Ce qui nous prudent à l’égard des convertibles, c’est l’évolution du rapport entre collecte (qui a fortement progressé) et la taille du marché (qui est restée à peu près stable). »
Pour le gérant, le manque de liquidité de la classe d’actifs accroît le risque de correction si des investisseurs décidaient de sortir de manière précipitée. A cela s’ajoute le fait que les rendements actuariels ont chuté.
Pour les spécialistes de la classe d’actifs, si les convertibles sont raisonnablement valorisées après une belle hausse en 2013, elles offrirent encore des opportunités à condition d’être sélectif. « Du point de vue du crédit, les spreads se sont resserrés durant 2013, mais il demeure des opportunités intéressantes sur la partie non notée des obligations convertibles », observe Maria Municchi, de l’équipe de gestion de M&G Investments à Londres.
Rares pourtant sont les gérants à bâtir une conviction forte sur la classe d’actifs. Certains, comme Oddo AM, privilégient plutôt les convertibles synthétiques mais estiment que sur longue période, les convertibles ont une place dans les allocations.
Le couple risque-rendement de la classe d’actifs peut la rendre intéressante pour des investisseurs qui n’ont pas de conviction forte sur les actions.
Plus grande sélectivité
« Pour les investisseurs, une exposition crédit peut être difficile à justifier, surtout après les belles performances observées ces dernières années. De même, pour les investisseurs qui ne sont pas très sûrs d’avoir une allocation forte sur la partie actions, les convertibles restent une manière efficace pour prendre une exposition au marché actions (delta 50%) mais avec moins de volatilité », estime Maria Municchi.
Luc Varenne d'Oddo AM rappelle que « les obligations convertibles peuvent constituer une brique de long terme dans une allocation, car elles permettent de profiter de la performance actions tout en protégeant en cas de regain de volatilité sur les marchés. »
Mais face à une classe d’actifs bien valorisée, les critères de sélection deviennent plus drastiques. « Aujourd’hui, nous privilégions les titres qui offrent à la fois un minimum de rendement actuariel et une sensibilité action comprise entre 25 et 50% », indique Luc Varenne. « Nous misons sur la stabilisation de la croissance mondiale avec notamment la poursuite de la sortie de crise de l’Europe du Sud et nous sommes attentifs aux opportunités venant de cette zone. Un horizon global permet de jouer plus facilement des thèmes de croissance de niche, notamment liés à internet avec de plus nombreux émetteurs américains et même certains noms asiatiques. »