Après avoir suivi un mouvement de resserrement au cours des cinq derniers mois, les spreads de crédit ont retrouvé leurs plus hauts niveaux de l’année, et de fait aux niveaux d’avant-crise. Le spread moyen de notre indice de référence s’est resserré de 3 points de base pour atteint +127 points de base la semaine dernière.
Dans nos prévisions du quatrième trimestre, nous mettions en avant notre anticipation d’un retour des spreads vers le point bas de leur fourchette de fluctuation de cette année. Pourtant, d’un point de vue fondamental, nous pensons que la prépondérance du resserrement des spreads a touché son but.
Au sein de notre univers de suivi, nos analystes crédit estiment dans l’ensemble que les spreads de crédit devraient rester stables ou s’améliorer légèrement, mais que le mouvement de resserrement des spreads sera sans doute compensé par une remontée du risque idiosyncratique (des fusions-acquisitions financées par effet de levier, activisme actionnarial accru…).
Toutefois, cela pourrait changer rapidement si la Fed décide de réduire ses achats d’actifs, ce qui devrait entraîner une remontée des taux d’intérêt. Dans un tel cas, nous nous attendrions à une répétition des événements vécus en mai et juin dernier. Les spreads de crédit s’étaient fortement écartés, les gérants obligataires cherchant alors à vendre leurs positions de long terme pour réduire la duration des portefeuilles et moins subir l’effet dévastateur de la hausse des taux.
Sur une perspective plus long terme, les spreads de crédit sont aujourd’hui 50 points de base plus écartés que les points bas observés avant la crise de 2008-2009. Nous ne pensons pas qu’ils iront durablement vers les points bas observés avant la crise. A l’époque, les spreads de crédit étaient inférieurs à ce qu’ils auraient dû être du fait de la surabondance de produits structurés (dont la création incontrôlée pesait artificiellement sur le niveau des spreads).
Lorsque la crise avait éclaté, les investisseurs avaient découvert que nombre de ces véhicules d’investissement ne se comportaient pas comme prévu. Si l’on entend parler d’investisseurs qui réévaluent l’intérêt d’investir dans des CDO, nous ne pensons pas que ces véhicules retrouveront l’intérêt dont ils avaient bénéficié avant la crise.