« L’or était un actif que beaucoup souhaitaient détenir, mais après la forte correction de 2013, nombreux se demandent quelle logique il y a à ajouter ce métal à un portefeuille. » Cette observation formulée fin novembre par Michael Widmer de Bank of America Merrill Lynch (BofAML) devrait rester valide encore quelques temps, à voir les récents développements du marché de l’or.
Merci la Fed
Pour la première fois en 14 ans, le placement dans l’or a fait perdre de l’argent aux investisseurs. Depuis le 1er janvier, le cours du métal précieux a chuté de 28,5% à 1.198,40 dollars l’once (il n’est battu que par l’argent qui perd 35,2%).
Au cours des dernières années, l’évolution du cours de l’or était fortement corrélée à l’expansion du bilan des banques centrales, notamment celui de la Fed. Pendant les années de crise, l’or était considéré comme LA valeur refuge, conduisant son cours à un record de 1.907 dollars l’once en août 2011.
L’évolution de l’or reflétait l’aversion au risque des investisseurs (leur psychologie), et dans une moindre mesure les craintes d’une inflation galopante qui serait la conséquence des injections massives de liquidités des banques centrales (une crainte non encore avérée à ce jour).
L’amélioration de la conjoncture aux Etats-Unis et en Europe, la préannonce en mai 2013 d’un « tapering » par la Fed, ont entraîné une remontée des taux d’intérêt réels, et ont coïncidé avec la baisse du cours du métal jaune (graphique).
Source : Deutsche Bank
Les flux vendeurs dominent
La situation du marché de l’or reste perturbée par les mouvements de ventes des investisseurs, mais pas uniquement. La détention d’or au sein d’instruments indiciels de type ETF a quelque peu ralenti, mais elle reste inscrite sur une tendance baissière, notent les experts de Société Générale dans une étude publiée fin novembre.
A côté de la demande en berne des investisseurs, la demande physique a sensiblement reculé, notamment en Asie. En Inde, plus gros consommateur au monde, le gouvernement a pris des mesures restrictives sur le métal jaune, car ce dernier contribue fortement au déficit commercial du pays, ce qui a conduit à une chute des importations (74 tonnes au troisième trimestre contre 244 tonnes un an plus tôt).
Facteurs de soutien
Si l’environnement à court terme semble défavorable à l’or, les perspectives de moyen terme seraient moins ternes.
Pour BofAML, deux facteurs de soutien existent à moyen terme : la demande des pays émergents, qui pourrait être amenée à repartir si la situation économique de ces pays s’améliore et la réduction des investissements des groupes aurifères (découragés par un prix du métal jaune inférieur au coût marginal de production).
Dans l’ensemble, les stratégistes des grandes banques d’affaires ont une vue plutôt prudente sur le cours du métal en 2014 avec des prévisions d’un prix de l’or autour de 1.000 dollars l’once en fin d’année.
Deutsche Bank estime que le cours de l’or redeviendrait intéressant s’il tombait autour des 725 à 800 dollars l’once.