2014 sera une année inédite puisque pour la première fois depuis le début de la crise, les stratégies des banques centrales des pays développés vont commencer à diverger, même si sur le fond, les injections de liquidités dans le système financier international vont se poursuivre.
Le scénario privilégié par la plupart des professionnels de la finance est celui d’un raffermissement de la croissance économique, avec les Etats-Unis dans le peloton de tête des pays en croissance, et une Réserve fédérale qui va devoir piloter au plus serré la courbe des taux.
Tout au long de 2013, la Fed a joué aux équilibristes, en cherchant à éviter une envolée trop brutale des taux longs. La perspective d’un « tapering », évoquée au mois de mai, a provoqué une envolée des taux longs (graphique).
Ce mouvement, particulièrement manifeste sur la partie très longue de la courbe des taux (30 ans) a même menacé la reprise du marché immobilier américain. Faute d’une croissance plus solide de l’économie américaine, et au vu de la volatilité provoquée sur les marchés financiers, la Fed a dû faire machine arrière en septembre, préférant attendre décembre et des statistiques plus solides de reprise pour agir.
Sur les marchés obligataires, cette perspective a d’ailleurs permis aux taux longs de reprendre leur mouvement haussier (le 10 ans américain a d’ailleurs atteint les 3% le 26 décembre). Et nombreux sont les gérants et stratégistes à tabler sur une poursuite de la hausse des taux longs en 2014.
Celle-ci sera d’autant plus marquée aux Etats-Unis que la reprise se poursuivra et que les banques centrales d’autres pays développées (BCE, Banque du Japon) maintiendront une posture accommodante – ce qui fait dire à certains gérants qu’il n’est pas opportun de parler de normalisation du cycle.
Pour les stratégistes de Morgan Stanley, le 10 ans américain devrait s’orienter vers 3,50%. Le Bund devrait sous-performer les bons du Trésor américain, en raison du différentiel de croissance entre les deux zones et d’une politique plus accommodante de la part de la BCE.
Priya Misra, stratégiste taux chez Bank of America Merrill Lynch prévoit une année volatile pour les taux américains, les marchés étant tiraillés entre la vitesse de réduction des achats d’actifs de la Fed, l’anticipation du resserrement des taux courts et des éléments techniques (flux et arbitrages des investisseurs en faveur des actions).
« Tant que la croissance économique ne vacille pas, la voie devrait être celle d’une hausse des taux, mais avec des épisodes de hausses brutales », écrit-elle dans une note aux investisseurs. La banque voit néanmoins le 10 ans américain atteindre 3,75% fin 2014.
Les investisseurs devront par conséquent se prémunir contre le risque de duration et jouer plutôt une pentification de la courbe de taux, laquelle s’est déjà bien engagée en 2013 (graphique).