Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par Stephen Jen, fondateur et associé au sein de la société de gestion global macro SLJ Macro Partners - il a été traduit par Morningstar.
Ces vacances de Noël donnaient l’impression d’une longue pause, mais les thèmes macro qui prévalaient à la fin de l'année dernière sont susceptibles de persister dans la première partie de la nouvelle année - l'année du cheval dans le zodiaque chinois.
(1) Je m'attends à ce que 2014 soit aussi l'année du dollar, et l'année pour les États-Unis de devenir la locomotive claire et unique qui tirera l'économie mondiale. L'économie mondiale sera probablement en accélération au premier trimestre, grâce aux États-Unis.
Alors que d'autres pays tels que la zone euro, le Japon, la Chine et le reste des marchés émergents devraient également bénéficier d'une économie américaine plus robuste, nous allons probablement voir les États-Unis « rester en tête » durant quelques trimestres.
Il y aura sans aucun doute des données économiques plus ou moins favorables autour de cette tendance à l’amélioration de la croissance, et il y aura presque certainement quelques surprises à la baisse de temps en temps - comme au cours des mois d’août/septembre derniers, mais la clé pour moi est que la tendance de la croissance américaine restera positive.
(2) Dans ce scénario d'une reprise économique tirée par les Etats-Unis, les trajectoires monétaires de la Fed et des autres banques centrales vont probablement continuer à diverger, avec un risque que la Fed ne soit contrainte d’accélérer le rythme de son « tapering ».
À mon avis, la Fed est déjà en retard – le fait de ne pas avoir commencé le « tapering » dès septembre était une grosse erreur, en partie parce que ce retard pourrait comprimer le temps pendant lequel la Fed devra faire évoluer sa politique.
La trajectoire de la politique de la Fed, sous «contrôle optimal», sera marquée par un virage serré à un moment donné dans cette reprise économique, contrairement à un chemin de politique lisse régie par la « règle de Taylor ».
C'est pourquoi le retard en septembre pourrait conduire à une plus grande incertitude plus tard cette année en ce qui concerne la Fed. Les investisseurs comprennent l’aspect « incohérence temporelle » de la « forward guidance », et vont essayer d’anticiper les décisions de la Fed. Ce sera, je crois, un élément clé des marchés cette année.
(3) Comme « l'œil de la tempête financière mondiale » a dérivé vers l'est, la principale source d'incertitude en 2014 viendra probablement de la Chine et des marchés émergents, plutôt que de l'Europe ou des États-Unis. En ce qui concerne la Chine, je ne m'attends pas à voir une crise ou une récession cette année.
Cependant, le niveau d'angoisse concernant la Chine devra probablement éclater de nouveau, dans le courant de cette année. Pour les «Cinq fragiles » ou les «Sept désolés », si l'on inclut l'Ukraine et la Russie, l'histoire est différente : il y a une forte probabilité de recul de leur devise et de ralentissement de la croissance.
(4) Comme mentionné ci-dessus, je suis de plus en plus convaincu que le dollar peut très bien performer cette année, contre un large éventail de devises. La hausse des rendements du 10 ans américain devrait continuer à fournir un bon soutien pour le billet vert.
L'évolution future des actions reste moins claire pour moi, car je peux établir des scénarios avec des actions en hausse ou en baisse de 15 % cette année. Si je dois deviner, je pense que les actions continueront de monter, pour la simple raison que la Fed va rester accommodante, même si elle est obligée d’accélérer la réduction de ses achats d’actifs plus vite que prévu. Ma confiance dans ce pari est faible.
Aussi longtemps que l'économie américaine se redressera, la paire dollar américain-yen semble être la stratégie la plus simple, suivie par une stratégie « lon » sur le dollar et « short » sur les « Cinq fragiles ». La paire dollar australien (AUD)-dollar américain peut reculer jusqu'à 80 cents cette année. L'AUD n'est plus une monnaie à « bêta élevé ».
Même si les traders ont encore le réflexe d’acheter du dollar australien en mode « risk on », cette devise évolue de plus en plus en fonction des termes de l'échange et du du rééquilibrage de l'Australie vers son marché domestique, qui conduira sa devise à la baisse.