Les déclarations de Mario Draghi n’ont pas totalement rassuré les marchés, ce jeudi. L’annonce du maintien du taux directeur de la Banque centrale européenne à 25 points de base était attendue, mais les propos de vigilance de son président quant à d’éventuels risques de déflation ont déçu les investisseurs.
L’indice Stoxx 600 a terminé la séance sur un repli de 0,4% tandis que le CAC 40 a perdu 0,8%. « Le marché a l’impression que la BCE est bloquée », notent les experts de Quilvest. « Même si Mario Draghi s’est montré encore un peu plus accommodant dans son discours, l’absence d’éléments concrets n’a pas convaincu le marché. »
« La BCE aujourd’hui n’a pas apporté grand-chose de nouveau, le discours demeure adapté à la situation, mais sans doute le marché est-il déçu par le manque d’action de Mario Draghi. Il faut dire qu’attendre pour agir que les anticipations d’inflation soient encore moins bonnes a de quoi surprendre », observe de son côté Hugues Le Maire, directeur général de Diamant Bleu Gestion.
L’inflation dans la zone euro a atteint 0,8% sur un an en décembre dernier. La BCE prévoit que l’inflation reculera jusqu’à 0,6% en 2014, mais au cours d’une conférence de presse, Mario Draghi s’est refusé à parler de déflation ou d’un risque de scénario à la japonaise (avec une spirale de baisse des prix et des salaires qui paralyse l’économie durant une période prolongée – et dont le pays semble seulement maintenant sur le point de sortir).
Pour les stratégistes de JPMorgan Asset Management, si l’inflation tombe très en-deçà de l’objectif de la BCE (autour de 2%), il lui faudra sortir "l’artillerie lourde", afin de protéger une économie européenne encore fragile.
Parmi les outils à la disposition de la banque centrale, le gérant d’actifs recense :
- Son engagement à avoir une politique accommodante aussi longtemps que nécessaire (« forward guidance »), déjà évoqué, pourrait être renforcé. Cela pourrait passer par l’utilisation d’indicateurs économiques comme le chômage, ce qui clarifierait la situation.
- La BCE pourrait amener les taux d’intérêt en territoire négatif (une première), obligeant ainsi les banques à ne pas placer leurs liquidités auprès de la banque centrale mais à l’injecter dans l’économie et à créer ainsi de l’inflation.
- Enfin, elle pourrait s’engager sur la voie de l’assouplissement quantitatif (« QE »), qui serait un moyen efficace de lutter contre la déflation, mais allant totalement à l’encontre de la volonté de certains pays de la zone euro (Allemagne notamment).
Tant que l'institution monétaire ne clarifiera pas ses positions, il y a de bonnes chances que les marchés redeviennent un peu plus volatils à court terme.