Cet article a été initialement publié en février 2012 sur Morningstar.co.uk
Le marché des ETP (dont les ETF font partie) fait l’objet d’une multiplication du nombre de produits accessibles, ainsi qu’une innovation ininterrompue de la part des fournisseurs d’instruments financiers. Cette complexité peut rendre les investisseurs perplexes.
Nous proposons donc trois critères importants à prendre en compte lorsque l’on veut comparer des ETF entre eux. Il s’agit de : 1. connaître l’indice sous-jacent ; 2. comprendre la structure de l’ETF ; 3. évaluer le coût total de détention. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais c’est sans doute un bon point de départ.
Evaluer l’indice répliqué
Toute d’abord, les investisseurs doivent déterminer quel l’indice peut le mieux atteindre leur objectif financier. Tous les indices ne se ressemblent pas, et les investisseurs doivent en comprendre la mécanique pour éviter toute mauvaise surprise.
Le risque de concentration excessive sur un titre individuel ou un secteur donné est généralement facile à évaluer. Certains fournisseurs d’indices imposent une limitation du poids au niveau des composantes individuelles ou des secteurs dans leur ensemble pour éviter un tel risque de concentration.
Méthodologie de construction d’un indice
Il est également important de comprendre la méthodologie de pondération de l’indice. La plupart des indices sont construits en utilisant une pondération selon la capitalisation boursière. Cela peut poser des problèmes en période de bulles, car cela conduit à une concentration excessive de certaines valeurs/secteurs surévalués. Il en va de même pour les indices obligataires qui supportent un risque identique de surreprésentation des émetteurs privés ou souverains qui peuvent porter un risque de surendettement.
Techniques de réplication et structure des ETF
Outre la compréhension de la construction de l’indice, il est important de comprendre les différents types de construction d’indices qu’utilisent les fournisseurs d’ETF.
Dans le cas des ETF, la réplication physique est obtenue de manière complète ou par un échantillonnage optimisé. Cette dernière approche est courante pour des indices qui ont un nombre significatif de composants ou de titres moins liquides – auquel cas le fournisseur de l’ETF n’achètera que les titres dont le couple risque-rendement est similaire à celui de l’indice sous-jacent.
Toutefois, dans un environnement de marché défavorable, cette méthode peut produire une « tracking error » (l’écart de volatilité entre le fonds et son indice de référence) plus importante. En outre, certains ETF répliqués de manière physique peuvent faire usage du prêt-emprunt de titres pour générer un revenu supplémentaire. Cela expose les investisseurs à un risque de contrepartie – un risque proportionnel au degré d’emploi du prêt-emprunt de titres par l’ETF.
Dans le cas de la réplication synthétique, l’ETF délivre une performance par le biais d’accords de swaps avec une ou plusieurs contreparties. Le fournisseur accepte de payer le rendement d’un panier de valeur au fournisseur de swaps en échange du rendement de l’indice répliqué. Cette méthode permet de réduire les coûts et la « tracking error », mais elle augmente le risque de contrepartie.
Pour les marchés d’accès difficile ou étroit, les techniques de swaps s’avèrent plus efficaces que la réplication physique. Les investisseurs qui s’intéressent à ces questions peuvent lire une analyse plus fouillée en anglais dans l’article suivant.
L’importance des frais
Enfin, les investisseurs doivent également regarder avec attention un troisième élément : les frais ou coût de détention de l’ETF qui déborde du seul ratio de frais courants.
Le montant des frais courants (ou « TER ») représente la portion qui sera déduite de la valeur d’actif du fonds pour rémunérer son gestionnaire – il s’agit du coût le plus explicite de détention. Toutefois, les investisseurs ne doivent pas négliger les coûts de transaction qui vont venir s’y ajouter. Ces coûts incluent les commissions de courtage et le spread offre-demande. Enfin, des primes ou décotes sur la valeur liquidative doivent être également pris en compte.
Les frais courants de gestion peuvent expliquer une part significative de l’écart entre la performance d’un ETF et l’indice qu’il réplique. Une source de « tracking error » peut venir des méthodes de réplication ou du niveau de « turnover » (rotation du portefeuille). Les réajustements de portefeuilles du fait de fusions, de faillites ou d’acquisitions peuvent changer la composition d’un indice et conduire à un rebalancement (une repondération) au sein de l’ETP.
Les dividendes
En outre, la date de paiement des dividendes peut aussi avoir un impact dans la faculté de l’ETF de suivre son indice. Pour les ETF physiques, le cash reçu sous forme de dividendes est conservé par le gestionnaire du fonds avant d’être distribué aux porteurs de parts. Le traitement du dividende peut avoir un impact défavorable sur la performance de l’ETF dans les phases de marché haussier car les dividendes ne sont pas immédiatement réinvestis dans le fonds.
Une analyse détaillée des coûts de détention est disponible ici (en anglais).