Cet article a été initialement publié en juillet 2012 sur Morningstar.co.uk
L’une des questions que les investisseurs rencontrent lorsqu’ils construisent un portefeuille est de savoir jusqu’à quel niveau de détail ils doivent descendre en matière d’allocation. Certains préféreront un seul fonds. D’autres préfèreront construire leur portefeuille ligne à ligne, en ajustant leur allocation en fonction de l’évolution de leur vue sur les marchés. Il est donc intéressant de regarder le pour et le contre de chaque type d’approche et de regarder les caractéristiques de chaque portefeuille.
MSCI World Index vs Approche Détaillée
Nous allons comparer le fait de s’exposer aux marchés d’actions mondiaux à travers un indice comme le MSCI World Index, d’un côté, et une collection de fonds spécialisés par zone géographique. Cette dernière n’a pas vocation à reproduire exactement les zones géographiques représentées dans le MSCI World Index, ou d’atteindre une couverture exhaustive des Bourses dans le monde.
Une approche simple de cette question peut conduire à une répartition de la sorte :
- 30% S&P 500
- 20% MSCI Europe Index
- 10% FTSE 100
- 10% MSCI China
- 10% MSCI EM Latin America 10/40
- 10% MSCI Japan
- 10% MSCI Asia Pacific ex-Japan
La première remarque consiste à souligner combien les deux indices sont différents. Du fait de la manière dont les fonds sont construits, les expositions qui peuvent sembler similaires ou visent à couvrir les mêmes parties du monde peut en fait produire des performances différentes. De ce point de vue, la répartition géographique de l’indice et du portefeuille sont divergents. Voici les 10 principales expositions de chaque partie (au 31 décembre 2013):
Ces différences peuvent avoir d’importantes conséquences sur le long terme, car chaque pays recèle des risques idiosyncratiques liés à une pondération sectorielle différente d’un pays à l’autre, à la proportion de grandes entreprises, à la situation politique, à l’évolution des devises…
Une autre différence majeure est que notre portefeuille hypothétique est exposé aux marchés émergents, ce qui n’est pas le cas du MSCI World Index – ce qui peut conduire à avoir un portefeuille plus volatil que l’indice retenu. Les deux portefeuilles auront également des biais de style différents – le portefeuille hypothétique sera plus pondéré en grandes capitalisations boursières, et des noms qui sont plus considérés comme value que le MSCI World Index.
Les avantages d’une approche détaillée
Le principal avantage de cette démarche est la totale liberté dans la construction du portefeuille. Vous voulez plus d’actions émergentes car vous êtes persuadé que cette classe d’actifs surperformera dans les années qui viennent ? Aucun problème. Vous n’êtes pas convaincu du potentiel de rebond de la zone euro ? Libre à vous de sous-pondérer son indice représentatif.
Ensuite, cette approche vous permet de rebalancer votre portefeuille régulièrement de manière à être réactif si les marchés financiers bougent de manière significative. Les indices pondérés par la capitalisation boursière augmenteront votre exposition aux secteurs et aux titres qui ont surperformé.
Le fait de rebalancer vous-même, en réduisant ce qui a beaucoup monté et en augmentant la part de ce qui a sous-performé, correspond à une stratégie qui consiste à acheter bas et à vendre haut.
Enfin, construire votre portefeuille fonds par fonds vous permet de diversifier votre exposition à un fournisseur particulier d’ETF, ou à une méthode particulière de réplication, si vous le souhaitez.
Les inconvénients d’une approche détaillée
Le principal inconvénient est bien évidemment qu’elle génère d’importants frais de transaction. Chaque fonds pris en compte et chaque rebalancement se traduit par des commissions de courtage, un spread offre-demande, et potentiellement un impact lié aux prix de marché. Ces coûts s’additionnent dans le temps, et doivent être mis en face d’une plus grande finesse dans la construction du fonds.
Au-delà de ces coûts, il y a aussi le temps et les efforts requis pour aboutir à une allocation définie, puis dans la sélection des indices à utiliser, et enfin dans le suivi et les modifications à apporter à l’allocation.
En outre, il y a des éléments perturbateurs. Certains indices sont disponibles dans certaines devises et pas d’autres, ou utilisent des méthodes différentes de distribution des dividendes. Face à cela, certains investisseurs peuvent préférer de n’avoir à utiliser qu’un seul fonds, et s’y tenir.