Guillaume Dard, PDG de Montpensier Finance, expose la stratégie de développement de la société de gestion et le positionnement de sa gamme. Son fonds vedette, Best Business Model, est noté Bronze par Morningstar.
L'entretien suivant a été relu et amendé par l'interviewé.
Pouvez-vous rappeler le positionnement de Montpensier Finance aujourd’hui ?
La société, que nous avons reprise en 2004, gère aujourd’hui plus de 1,3 milliard d’euros, à 80% pour le compte d’investisseurs institutionnels (assureurs, caisses de retraite, banques privées, family offices) et s’adresse aussi aux conseillers indépendants.
Notre gamme comprend 5 fonds principaux : actions euro et européennes (petites, moyennes et grandes capitalisations boursières), obligations convertibles, ainsi qu’un fonds actions euro flexible.
Le cœur de notre gestion actions et de la méthode Best Business Models reposent sur la compréhension du cycle de vie de l’entreprise, et la capacité à appréhender le potentiel boursier d’une entreprise en fonction son stade de développement.
En combinant différentes histoires d’entreprises à différentes étapes de leur développement, nous cherchons à construire des portefeuilles bien diversifiés et capables de surperformer le marché sur le long terme comme nous l’avons fait depuis 10 ans.
Nous voulons que nos fonds soient des fonds performants de fond de portefeuille – du « core » avec de l’alpha : d’où l’importance de générer régulièrement de l’alpha sur longue période et de ne pas présenter de trop gros écarts de performance sur une année comme certains fonds satellite.
Pourquoi avoir choisi de vous focaliser sur l’univers des actions ?
La majorité des sociétés de gestion entrepreneuriales se développent autour des actions. C’est un métier qui demande un talent humain particulier et donc constituer des équipes de talents, cela n’est jamais un processus automatique. Les sociétés indépendantes ont un avantage dans ce domaine. C’est peut-être moins vrai dans l’univers des taux où l’approche est plus quantitative et où la taille des sociétés de gestion est généralement beaucoup plus importante.
En matière de gestion de nos fonds actions et convertibles, nous avons choisi une approche collégiale, avec des gérants de grand talent.
Les actions restent une classe d’actifs très sous-investie, notamment en Europe …
Je pense qu’il y aura toujours des investisseurs structurels en actions. Mais il est vrai que les comportements des investisseurs sont parfois volatils, ce qui peut se comprendre si l’on regarde l’évolution des marchés sur 10 ans. Depuis le point bas de 2003, nous avons connu trois ans de « bull market », une phase intermédiaire avec un krach majeur, puis un rebond de trois ans.
Et sur la seule année 2013, les séquences entre style de gestion ont été particulièrement rapides : il fallait être « value » 3 mois, puis « growth » 3 mois, de nouveau « value » durant 4 mois et « growth » pendant 2 mois. C’est la force de notre méthode Best Business Models que de pouvoir profiter des deux moteurs Croissance et Value.
Quels sont vos projets de développement ? Pensez-vous avoir atteint une taille critique ?
Il est important d’acquérir une taille critique, et de croître à l’international. Nous avons recruté l’an dernier un responsable international pour cette mission. Dans un premier temps, notre développement se focalise sur la Suisse, le Benelux, l’Italie et l’Espagne. Dans un second temps, nous regarderons du côté du Royaume-Uni et des pays scandinaves.
Nous n’excluons pas l’utilisation de partenaires locaux, mais ce sera une combinaison de distribution directe et de partenaires, avec, selon le stade de développement, le recours à des recrutements locaux. Il faut accepter de s’engager à long terme dans une politique de développement.
Quelle est votre lecture du regain de volatilité récent sur les marchés financiers ?
Les marchés émergents ont été déstabilisés par la faiblesse du yen et du dollar. Plusieurs d’entre eux affichent un déficit parfois significatif de leur balance courante. Dans un tel contexte, mieux vaudrait ne pas avoir de remontée trop rapide des taux d’intérêt pour ne pas remettre en cause la croissance de ces pays. Les interrogations sur la tenue de l’économie chinoise contribuent à l’incertitude.
L’Europe n’est pas à l’abri des tensions actuelles, mais on peut penser que la reprise des pays du Sud et la force de l’Allemagne sont un facteur de stabilisation.
Le marché américain est un peu cher, avec des situations de bulle sur certains compartiments de la cote, comme la technologie. Lorsque Wall Street corrige, il est rare que le reste du monde y échappe.
Au final, on a une vraie faiblesse émergente, et moins de marge d’erreur sur le marché américain. Il y a plus de protection du point de vue de la valorisation des actions européennes, mais si le reste du monde connaît une forte volatilité boursière, l’Europe en sera affectée. Ceci étant dit, les bons Business Models ont résisté à la crise et sauront bénéficier de la croissance si elle se confirme.