Depuis le début de l’année, les actions européennes ont cédé 1,5% tandis que le MSCI Emerging Markets cède 7,3%, le Nikkei 225 chute de 11,2% et le S&P 500 abandonne 4,1%. S’il ne fallait pas écouter le consensus – très « bullish » sur les actions des pays développés - la baisse récente des marchés n’offre pas pour autant de point d’entrée suffisamment intéressant, estiment Ian Richards et Graham Bishop, stratégistes chez Exane BNP Paribas.
« Après une forte chute des marchés, la tentation est grande d’acheter sur des points bas. Mais nous ne sommes pas convaincus que la baisse a été suffisante », écrivent-ils dans une note datée du 6 février.
Les actions européennes redeviendront réellement attrayantes lorsque leur valorisation sera sensiblement plus basse qu’elle ne l’est actuellement (grahique) ou lorsque les réponses politiques aux problèmes structurels à l’origine des tensions actuelles sur les marchés seront mises en œuvre.
Source: Factset, Morningstar
« Le vrai renversement du jeu qui réduirait de manière significatif le risque dans l’environnement actuel doit se focaliser sur les marchés émergents », notent les stratégistes d’Exane. Car la situation des pays émergents « représente une source d’incertitude pour les investisseurs » et reste problématique au regard des niveaux de valorisation des marchés actions.
Les commentaires de Richards et Bishop viennent quelque peu contredire la vue des économistes… d’Exane BNP Paribas, qui ne voient pas de risque de contagion – que ce soit par les canaux du commerce international ou par les canaux bancaires.
Le risque de contagion aux pays développés serait limité : les pays émergents actuellement en difficulté ne représentent que 9,4% du PIB mondial et 6,4% des exportations mondiales.
Il faut toutefois noter que la note datée du 3 février publiée par Pierre-Olivier Beffy et son équipe ne parvient pas totalement à convaincre les lecteurs. D’autant qu’elle conclut que le principal risque pour les marchés serait celui d’un « hard landing » chinois, hypothèse qui ne peut être totalement exclue au regard de la situation incertaine du système financier chinois.
« Le risque est que le système financier parallèle (« shadow banking ») de la Chine s’effondre à cause d’un resserrement trop brutal de la politique monétaire, ou, plus probable, à cause de la chute de la confiance des ménages dans les produits d’épargne. Cela pourrait relancer la thèse d’un hard landing, avec des conséquences pour les économies émergentes et développées. Dans un tel scénario, les primes de risque remonteraient dans l’ensemble des marchés financiers et la reprise économique naissante serait en danger », notent les économistes d’Exane.
Par précaution, les stratégistes d'Exane ont, à l'évidence, préféré considérer que le scénario noir - plutôt écarté par les économistes d'Exane - ne pouvait être totalement écarté.
Une autre façon d'illustrer le propos d'Exane est d'observer l'évolution d'un ratio de valorisation des actions européennes (Price-to-Book ou cours sur actif net) et d'un indicateur de rentabilité (Return on Equity ou rentabilité des fonds propres).
Source: Factset, Morningstar
Alors que ces deux indicateurs évoluaient plutôt de manière coordonnée, depuis fin 2012, leurs chemins se sont séparés. Ce point a déjà été évoqué: il tend à montrer une réduction de la prime de risque peut-être trop rapide. De ce point de vue, il en résulte que la correction boursière actuelle était nécessaire, mais qu'elle n'est sans doute pas terminée.