Marchés émergents : quand la croissance ralentit

Considérés comme les moteurs de la croissance mondiale dans l’immédiat après-Lehman, les pays émergents ont en fait connu une panne de croissance. Explications.

Jocelyn Jovène 17.02.2014
Facebook Twitter LinkedIn

Le ralentissement marqué des pays émergents, et notamment des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), s’explique en grande partie par des éléments conjoncturels, mais aussi par une perte de croissance potentielle.

Selon une analyse du Fonds Monétaire International, immédiatement après la crise financière de 2008, les autorités de plusieurs pays ont engagé d’importants plans de soutien à l’économie, en particulier en Chine.

Ces plans ont permis à la fois une relance de l’activité, puis ces pays ont bénéficié de la reprise du commerce mondial, de la baisse des taux d’intérêt et d’une remontée des prix des matières premières (graphique).

 

A partir de 2011 toutefois, ces facteurs de soutien se sont atténués : la demande mondiale a ralenti, pesant sur les exportations et les prix des matières premières ont reculé.

Au même moment, la croissance potentielle s’est détériorée dans plusieurs BRICS – avec des pertes de 0,25 à 0,5 point de pourcentage en Afrique du Sud, en Russie et au Brésil, et entre 1 et 1,5% en Chine et en Inde. Ces pertes de croissance potentielle peuvent être liées à des contraintes propres à chaque pays (cadre réglementaire dans certains secteurs d’activité en Inde par exemple).

Pour le FMI, cette perte de croissance n’est pas nécessairement une perte de long terme. Selon l’institution en effet, la plupart des pays devraient retrouver leur tendance de croissance de long terme. Il y a toutefois deux exceptions, de taille : la Chine et la Russie.

Dans les deux cas, le changement de régime de croissance dans ces pays se traduit par une réduction durable du rythme d’expansion économique à venir. La Chine et la Russie ont largement profité d’un cycle d’investissement massif dans leurs infrastructures, financé par le crédit et/ou les rentrées de devises grâce aux exportations de produits manufacturés ou de matières premières.

Ces deux pays doivent gérer la transition vers un nouveau modèle, ce qui n’est pas sans poser quelques risques.

 

Facebook Twitter LinkedIn

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.