Depuis plusieurs années, Vivendi essaie de se débarrasser de la décote de holding qui pèse sur son cours de Bourse.
Malgré de nombreux revirements dans la vie de l’entreprise, le groupe est encore aujourd’hui un patchwork de métiers qui n’ont que peu de synergies les uns avec les autres. Un patchwork que Jean-René Fourtou a mis 10 ans à bâtir, puis, sous la pression de Vincent Bolloré (actionnaire avec 5% du capital environ), qu’il est en train de détricoter.
La cession d’ActivisionBlizzard et celle bientôt finalisée de Maroc Telecom vont contribuer à réduire l’endettement du groupe.
Se profile désormais la vente - plutôt que la mise en Bourse - de SFR (10,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires) et son rapprochement avec Numericable (1,3 milliard d’euros de chiffre d’affaires).
Avec quel objectif ? Rien n’est moins clair. Jouer au meccano financier pour viser une nouvelle réduction de la décote de holding et une revalorisation du cours de Bourse ne constitue pas une stratégie industrielle autour d’actifs stratégiques (qualificatif qui ne semble convenir qu’à UMG et dans une moindre mesure à Canal+).
Il y a certes cette idée de recentrer l’ensemble sur le trio UMG-Canal+-GVT, en attendant de nouvelles cessions d’actifs (GVT ?). Si la logique est de n’avoir plus que deux divisions dans le groupe sans synergies entre elles, pourquoi ne pas démanteler le groupe et laisser aux investisseurs le choix de faire le tri entre les actifs qu’ils entendent conserver et ceux qu’ils souhaitent céder au marché ?
Car la manière dont Vivendi gère le dossier SFR n’est pas l’exemple de la meilleure gestion des deniers des actionnaires.
Rappelons qu’en 2011, les dirigeants de Vivendi ont accepter de payer Vodafone 7,95 milliards d’euros pour les 44% qu’ils ne détenaient pas dans SFR, peu de temps avant que le marché français des télécommunications ne soit chamboulé par l’irruption de Free Mobile - laquelle a entraîné une chute des prix et un effondrement des marges des opérateurs (la marge d’EBITDA de SFR est tombée à 27% l’an dernier contre près de 40% en 2003).
Garder un strapontin dans un ensemble SFR-Numericable permettrait peut-être de récupérer une partie de l’investissement de départ - à condition de ne pas faire exploser les ratios d’endettement de la nouvelle entité.
En attendant qu’une décision soit prise à ce sujet, les actionnaires minoritaires non privilégiés restent dans le flou sur l’avenir du groupe. La perspective d’une nouvelle modification du périmètre à conduit Vivendi à rester muet sur ses objectifs financiers pour 2014 ainsi que sur son dividende. Un flou artistique qui contribue au recul du titre ce mardi à la Bourse de Paris.