Les économistes d’Exane BNP Paribas ont publié mardi une note plutôt complète qui rassemble les principaux sujets d’interrogation de la part des investisseurs, ainsi que les éléments de réponse qu’ils peuvent leur apporter.
Où en est la reprise mondiale ?
La dynamique de la reprise mondiale s’est un peu essoufflée dernièrement, en particulier du fait du ralentissement des pays émergents – situation qui n’est pas prête de se terminer compte tenu des incertitudes dans un certain nombre de pays (Brésil, Chine, Russie).
« Comme la réduction des taux de croissance des pays émergents est structurelle, l’économie globale va continuer de croître à un rythme modéré. La question centrale est de savoir si le ralentissement des émergents impactera les pays développés », écrivent les économistes d’Exane dans leur note.
La reprise américaine est-elle suffisamment solide ?
Les dernières statistiques de l’économie américaine ont relancé le débat sur la solidité de la reprise, mais leur lecture est perturbée en partie par l’impact de la météo. Pour Exane, la croissance aura du mal à atteindre 2% en rythme annualisé au terme du premier trimestre, après 2,4% au quatrième trimestre 2013.
Toutefois, le pays profitera de quelques moteurs de croissance qui peuvent être parfois sous-estimés par les investisseurs, notamment une moindre austérité budgétaire en 2014 par rapport à 2013 et une possible reprise des investissements du secteur privé.
La hausse du 10 ans américain est-elle pérenne ?
Cela a été l’un des grands débats de 2013 et pourrait le rester en 2014. Toutefois, le regain de volatilité et l’attitude prudente des investisseurs a quelque peu enfermé l’évolution du 10 ans américain dans une bande entre 2,5% et 3% - faible inflation, poursuite des interventions de la Fed, reprise fragile et incertitudes sur les émergents.
« La courbe des taux est très pentue et tant que le marché obligataire n’intègrera pas une hausse des taux, le 10 ans aura du mal à passer au-dessus de 3% », note Exane.
Le principal facteur de soutien des taux longs américain reste la croissance de l’économie, qui devra repasser au-dessus de sa tendance de long terme, et ce de manière durable. Pour Exane, le 10 ans pourrait passer la barre des 3% dans le courant du deuxième trimestre.
La reprise de la zone euro va-t-elle se poursuivre ?
Exane croit à une poursuite de la reprise dans la zone euro, malgré un contexte moins favorable dans les émergents et des interrogations sur la croissance américaine. « Les enquêtes de dirigeants d’entreprises restent solides, notamment en Allemagne, mais suggèrent également une expansion en Italie et en Espagne », observe le broker.
« Nous maintenons notre vue que la région bénéficiera d’une reprise graduelle au cours du premier semestre, aidée par une moindre austérité fiscale, un assouplissement des conditions de financement dans la périphérie et des exportations plus vigoureuses », ajoute Exane.
La BCE va-t-elle assouplir à nouveau sa politique monétaire ?
La « persistance des tensions sur les marchés monétaires pourrait conduire la BCE à agir lors des réunions de mars ou d’avril », mais une action plus agressive devrait surtout intervenir au second semestre. Les anticipations d’inflation ne cessent de se réduire (1,2% actuellement, soit un plus bas depuis la faillite de Lehman Brothers). En même temps, le coût de protection contre la déflation n’augmente pas.
La volatilité des devises émergentes est-elle durable ?
La situation des pays émergents reste un sujet de préoccupation très important, lié notamment à l’évolution de l’économie chinoise et dans une moindre mesure aux tensions entre l’Occident et la Russie au sujet du dossier ukrainien.
« Nous pensons que les ajustements structurels dans les pays émergents ne provoqueront de volatilité que sur le court terme. Davantage de volatilité au deuxième trimestre pourrait être provoqué par une escalade des tensions sur l’Ukraine, mais le vrai catalyseur sera une remontée des taux américains », explique Exane.
L’autre source de volatilité sera la Chine, avance le courtier – en raison notamment de son poids dans les exportations et le PIB de plusieurs pays de la région.
Les prix des matières premières vont-ils continuer de progresser ?
Le cours de nombreuses matières premières est en situation de déclin structurel depuis 2011, mais un mouvement de reprise s’est quelque peu amorcé depuis le début de l’année.
« Compte tenu de notre prévision d’une reprise graduelle dans les pays développés au deuxième trimestre et du ralentissement de l’économie chinoise à court terme, nous pensons qu’il y a plus de risque de hausse des prix des matières premières au cours du deuxième trimestre », avance le broker.