En l’espace d’une semaine, la configuration du marché français des télécommunications a changé du tout au tout.
La perspective d’un renforcement des positions de Numericable s’éloigne, tandis que Bouygues et Iliad sont perçus comme les gagnants de la consolidation.
En annonçant un potentiel accord pour vendre son réseau mobile et des fréquences à Iliad, ce qui devrait lui permettre de mettre la main sur SFR, Bouygues a pris les devants, et accroît ses chances de succès vis-à-vis du régulateur français des télécommunications, selon plusieurs analystes.
« Une consolidation du marché mobile domestique peut sembler plus probable qu’il y a 2 ou 3 semaines », observait-on chez Natixis lundi matin.
Iliad vainqueur
La Bourse elle salue ces annonces, faisant fortement monter les cours de Bourse d’Iliad, qui a également publié des résultats en ligne avec les attentes, et de Bouygues, tandis que le cours de Numericable chutait fortement à la mi-journée.
Pour de nombreux courtiers, Iliad sort clairement vainqueur, en faisant une bonne affaire, selon Oddo Securities. « Cet accord se fait dans des conditions financières que nous considérons comme particulièrement attractives pour Free », écrit le courtier, qui estime à environ 30 euros en première approche la création de valeur offerte par le deal Bouygues Telecom-Iliad.
Kepler Cheuvreux parle d’une transaction « positive » car elle permet à Iliad d’accélérer la construction de son réseau mobile et d’accéderà une partie du spectre de fréquences : « Iliad aurait 23% du spectre total, SFR-Bouygues Tel 46% et Orange 31% », observe le courtier.
UBS calcule que sur la base des termes de l’accord avec Bouygues, « le cash-flow opérationnel cumulé sur 3 ans progresserait de plus de 15% permettant de ramener le ratio dette nette/EBITDA à moins de 1x d’ici 2017. »
Toujours des interrogations pour Bouygues
UBS s’interroge toutefois sur la réalité des synergies du « deal » Bouygues Telecom-SFR – un point qui a déjà soulevé un certain nombre d’interrogations dans le marché.
Chez Natixis, on s’inquiète du changement de modèle économique probable à envisager chez Free Mobile. « Dans une vision à moyen terme, il faudra toutefois s’inquiéter du changement de business model de Free Mobile qui va passer d’une structure de coûts variables avec une excellente qualité de réseau (celui d’Orange) à un modèle de coûts fixes avec une qualité de couverture forcément moins bonne que celle dont il bénéficiait jusqu’alors », notent ses analystes.
Reste maintenant à savoir quelle décision Vivendi prendra dans les prochains jours, puis comment les régulateurs français vont interpréter l'évolution à venir du secteur et s'ils l'autoriseront.