En l’espace de quelques jours, Iliad a pris une place centrale dans la consolidation du marché français de la téléphonie mobile, sans avoir à prendre part à la bataille d’enchères entre Bouygues et Numericable.
Mieux, le groupe de Xavier Niel a réussi à se rendre indispensable à la réussite de Bouygues Telecom lui permettant de réduire de manière sensible le risque de rejet de son offre par les régulateurs français (quoi que rien ne puisse préjuger de leur décision finale, ni de celle de Vivendi à l’heure actuelle).
Alors que la filiale du groupe de Martin Bouygues risquait d’être marginalisée par une fusion Numericable-SFR, le groupe de Xavier Niel n’est à presqu’aucun moment paru comme marginalisé dans un processus qui va se traduire par une diminution de la concurrence, à voir la réaction de son cours de Bourse.
Ce lundi, après avoir révélé l’accord pour reprendre le réseau et certaines fréquences de Bouygues Telecom si Bouygues remportait SFR, l’action Iliad affiche la plus forte progression en Bourse, avec un gain de plus de 1 milliard d’euros de capitalisation boursière. Le groupe affiche même une capitalisation boursière plus importante que celle de Bouygues (12,3 contre 10,4 milliards d’euros).
Un résultat invraisemblable. Après avoir provoqué une guerre des prix sur le marché français de la téléphonie mobile et bouleversé le modèle économique des opérateurs en place début 2012 – stratégie qui lui a permis de conquérir 8 millions d’abonnés et près de 12% du marché français du mobile – Free est aujourd’hui sur le point de tirer à nouveau parti d’une réduction du nombre d’opérateurs et s’offre à prix avantageux un réseau bâti par l’un de ses rivaux.
Selon les calculs d’UBS, le cash-flow opérationnel de Free pourrait en cumulé sur 3 ans progresser de plus de 15%. Kepler Cheuvreux estime que Free récupère un réseau d’antennes pour un prix compris entre 800 millions et 1,4 milliard d’euros (sur la base de 0,1 million d’euros par antenne).
Enfin, si le montant de la transaction représente environ 15% de sa capitalisation boursière actuelle et devrait amener l’endettement net à 2,3 fois l’EBITDA du groupe (sur la base des chiffres 2013), les analystes estiment qu’Iliad retrouvera en moins de 3 ans des ratios financiers maîtrisés.
Certes, il y a encore un chemin à parcourir pour voir passer la part de marché d’Iliad sur le mobile atteindre 25% à moyen terme.
Comme le notaient les analystes de Natixis lundi matin, le groupe va aussi devoir gérer le passage d’un modèle de coûts variables (accord d’itinérance avec Orange avec un réseau mobile embryonnaire mais une bonne qualité de service) à un modèle de coûts fixes « avec une qualité de couverture forcément moins bonne que celle dont il bénéficiait jusqu’alors.
Il y a aussi et surtout le défi de l’Internet très haut débit qui représente des investissements beaucoup plus conséquents que la constitution d’un réseau d’antennes de téléphonie mobile.
Autant de défis à relever pour Xavier Niel, qui a jusqu’ici réussi à préserver les intérêts de son groupe sans y laisser trop de plumes.