La première conférence de presse de Janet Yellen en tant que présidente de la Fed ne s’est pas très bien passée.
Alors que la Fed a souligné que, malgré la météo, la reprise américaine lui semblait suffisamment solide pour justifier de réduire à nouveau de 10 milliards ses achats d’actifs (« tapering »), sa présidente a laissé entendre qu’une remontée des taux directeurs pourrait intervenir six mois après l’arrêt des mesures d’assouplissement quantitatif ou « QE ».
Dans son communiqué, la Fed a décidé d’abandonner un objectif spécifique de taux de chômage conditionnant une remontée des taux (6,5% jusqu’ici), et l’a remplacé par un suivi attentif du marché du travail, de l’inflation, des anticipations d’inflation et d’autres indicateurs financiers.
« Le comité continue d’anticiper, sur l’évaluation de ces facteurs, qu’il est approprié de maintenir le niveau actuel des taux durant un temps considérable après l’arrêt du programme d’achat d’actifs », indique la banque centrale.
« Le message délivré par la Fed rompt avec sa communication antérieure », estime Véronique Riches-Flores de RF Research.
Dans ses prévisions économiques, la Fed a relevé sa prévision de taux directeur pour 2016 de 1,75% à 2,25%, et à 1% pour 2015 (contre 0,75%).
« L’aspect curieux est que cette révision n’est pas en phase avec les prévisions économiques du comité qui n’ont pas changé de manière significative depuis décembre », note Aneta Markowska, économiste chez Société Générale dans une note.
« Incompatible avec les anticipations actuelles du marché de taux, cette réorientation est susceptible d'entraîner des réactions significatives », ajoute Véronique Riches-Flores.
Les déclarations de Yellen ont provoqué un rebond des taux longs américains vers 2,74% et du dollar face au yuan, tandis que les Bourses asiatiques ont cédé du terrain (-1,7% pour le MSCI Asia Pacific).
Chez Exane BNP Paribas, on souligne que derrière ses nouvelles prévisions économiques, la Fed acte une réduction du potentiel de croissance de l'économie américaine (à 2,25% contre 2,65% en juin 2011 par exemple).
« Comme la Fed réduit son potentiel de croissance, une politique moins accommodante est nécessaire pour relancer l'inflation », écrit Jean-Baptiste Pethe dans une note aux investisseurs.