Un trimestre pour rien ?
Le premier trimestre se clôture sur une note plutôt fade. Rares sont les pronostics de la fin de l’année dernière qui se sont révélés justes. Le début de l’année a été particulièrement volatil, perturbé par les incertitudes sur la solidité de la croissance américaine (est-elle liée uniquement aux conditions météo très difficiles ?), sur la multiplication ou pas des défauts dans le système financier chinois et sur les risques de dérapage dans les pays émergents ou en Ukraine.
Dans ce contexte, le rebond des actifs risqués, qui reposait en grande partie sur une accélération de la croissance économique mondiale et sur une accélération de la progression des résultats des entreprises, a été quelque peu contrarié.
Les deux classes d’actifs qui avaient le moins bien et le mieux performé l’an dernier (les actions japonaises et l’or) ont échangé leurs rôles : l’or affiche un gain de 6,8% depuis le début de l’année après avoir chuté de 27% en 2013 ; l’indice Nikkei 225 a cédé 9% et le TOPIX a reculé de 7,6%.
Dans une note à ses clients datée du 28 mars, Jan Loeys, responsable de l’allocation d’actifs mondiale chez J.P. Morgan, estime que cette volatilité des classes d’actifs est en grande due à des facteurs techniques et à des ajustements ponctuels de portefeuilles.
L’allocation modèle de la banque américaine privilégie toujours les actifs risqués au détriment des obligations, J.P.Morgan estimant que les marchés n’ont pas intégré le risque d’une accélération de la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis (pour le moment, la volatilité des marchés a plutôt comprimé la partie longue de la courbe).
Dans ce contexte, la performance des actions n’est pas catastrophique, mais elle n’a rien d’excitant surtout après le rebond de 2013. Après avoir profité du mouvement de rebond des multiples de valorisation, les marchés actions sont toujours en attente de la confirmation d’une reprise de la croissance des profits.
La saison des publications de résultats du quatrième trimestre a été décente, sans plus : 52% des entreprises qui ont publié ont battu le consensus (contre une moyenne historique de 47%), avec de fortes surprises dans les secteurs des services collectifs, et dans une moindre mesure dans la santé ou la consommation courante.
Mais il n’y a pas eu de mouvement de révision en hausse des anticipations de résultat sur le reste de l’année. L’environnement économique et de marché a plutôt poussé les entreprises à tenir un discours prudent sur 2014.
En l’absence de statistiques plus encourageantes dans les semaines à venir, il n’est pas certain que la saison des résultats du premier trimestre constitue un réel moteur de surperformance à court terme. L’espoir des investisseurs risque donc de se tourner vers les banques centrales, une fois de plus.
Pour l’heure le consensus des analystes anticipe une croissance des 8% des résultats aux Etats-Unis et de 11% en Europe. Si cette vue n’est pas trop contrariée, les investisseurs pourraient être confortés de maintenir voire d’accroître leur exposition aux actifs risqués en l’absence de source de volatilité ou d’accident (sur les devises, les émergents ou sur le front politique – au regard de nombreuses échéances électorales dans un certain nombre de pays comme l’Inde…).
Dans le cas contraire, c’est un nouveau trimestre de volatilité qui pourrait s’ouvrir, incitant les investisseurs à continuer de privilégier les valeurs refuge.
Source: Morningstar, Euronext, CBOE, Factset.
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