Regarder l’évolution des bénéfices pro-forma des entreprises pour juger de la santé des entreprises cotées peut conduire à des erreurs de jugement, estiment les analystes quantitatifs et les stratégistes de Société Générale.
L’an dernier, les profits des entreprises américaines ont progressé de 14%, ou 12,8% hors financières, mais cela était en grande partie aidé par une base de comparaison favorable, l’année 2012 ayant été marquée par d’importantes dépréciations d’actifs (chez Hewlett-Packard, AT&T ou Verizon Communications), rappelle Albert Edwards dans une note datée du 25 mars.
Plutôt que de se focaliser sur ces résultats pro-forma, qui font l’objet de retraitements et permettent souvent aux sociétés cotée d’embellir la réalité, un meilleur indicateur de la performance des entreprises consiste à regarder les profits des sociétés composant l’indice MSCI US.
Source: SG Cross Asset Research.
« Comme nous le montrons, non seulement les résultats publiés de l’indice MSCI US ne progressent plus, mais l’écart de croissance entre ces chiffres et les chiffres pro-forma s’amplifie, les chiffres pro-forma étant bien plus optimistes », note Albert Edwards.
Il ajoute que ce phénomène est généralement annonciateur d’une chute des résultats et d’une détérioration de leur qualité.
Un autre indicateur incite à une certaine prudence : l’écart entre le pourcentage de relèvements et de dégradations des prévisions de résultats. « Lorsque les relèvements tombent sous les 40% (ou que les dégradations représentent plus de 60%), cela signale que l’économie est dans une passe difficile. Le rythme actuel des relèvements de prévisions de bénéfice par action a chuté sous le niveau critique de 40% que nous avons longtemps associé à un environnement récessif », indique le stratégiste de SocGen.
Cette détérioration de la qualité et de la croissance des résultats des entreprises américaines n’est pas uniquement une mauvaise nouvelle pour les marchés actions. Elle est un signal annonciateur d’une dégradation de l’investissement des entreprises.
Se basant sur des données macro-économiques du Bureau of Economic Analysis, Albert Edwards estime que ces dernières ne pointent pas encore vers un risque de récession imminent. Mais les prochaines statistiques, sur le quatrième trimestre, seront un indicateur important à surveiller.