L’assemblée générale des actionnaires de Berkshire Hathaway (BRK) se tiendra ce samedi 3 mai à Omaha, plaçant sous les projecteurs son fondateur, Warren Buffett, et son associé, Charlie Munger. Au cours de 2013, la valeur d’actif net par action de sa holding a progressé de 18,2%, ce qui est plutôt honorable dans l’absolu mais marque un retard par rapport aux 32,4% de progression de l’actif net comptable des sociétés composant l’indice S&P 500.
C’est la quatrième fois en cinq ans que Berkshire sous-performe son indice de référence, mais cela a été généralement le cas dans les phases de marché haussier. La société n’a sous-performé le reste du marché qu’à dix occasions en 49 ans (cf sa dernière lettre aux actionnaires).
Buffett revient sur les acquisitions réalisées l’an dernier, dont la société de services collectifs du Nevada NV Energy et la moitié de H.J. Heinz. Il dresse des louanges à Todd Combs et Ted Wechsler, deux gérants qui ont chacun la responsabilité d’un portefeuille de 7 milliards de dollars. Il évoque également en longueur les activités Berkshire Hathaway.
La lettre évoque également les principaux investissements détenus à travers le portefeuille d’actions de BRK. Le top 10 n’a pas beaucoup changé l’an dernier. On y retrouve Wells Fargo et Coca-Cola, deux des valeurs les plus anciennes du portefeuille, et sur laquelle Buffett a récemment réussi à faire bouger les lignes en matière de rémunération des dirigeants en évoquant publiquement sa désapprobation.
La troisième ligne du portefeuille est American Express, autre détention de longue date, suivie d’IBM, un dossier plus récent, Wal-Mart Stores, Munich Re, Procter & Gamble, Exxon Mobil, U.S. Bancorp et Sanofi. Le seul nouvel entrant de la liste est Exxon Mobil, qui prend la place de Tesco.
Plusieurs investisseurs, disciples de Benjamin Graham et fan de Warren Buffett, son étudiant devenu le plus célèbre, cherchent à répliquer son approche d’investisseur value. Nous avons regardé par le passé les fonds qui détenaient les sociétés dans le top 10 du portefeuille de Berkshire Hathaway à la fin des années 2009, 2010, 2011 et 2012. L’exercice a été répété en 2013, en excluant des fonds sectoriels comme Vanguard Consumer Staples Index (VCSAX) ou Fidelity Select Consumer Staples (FDFAX), ainsi que les fonds de moins de 100 millions de dollars ou ceux n’ayant pas un historique de 5 ans au moins.
Ce screening produit la liste des fonds suivants :
3 gérants gèrent 5 fonds dans la liste-ci-dessus. Sans surprise, ces gérants s’inscrivent dans la lignée de Graham et Buffett.
Les premiers noms de la liste sont Donal Yacktman et son fils Stephen Yacktman, qui gèrent les fonds Yacktman Focused et Yacktman Fund. Leur approche consiste à rechercher des sociétés de qualité, généralement peu endettées et à les acheter lorsqu’elles se traitent à une décote substantielle par rapport à leur valeur intrinsèque. Leur style les a souvent conduit vers des sociétés de petite et moyenne capitalisation boursière, mais leur portefeuille est actuellement plus exposé aux grandes valeurs de la cote (Procter & Gamble, Coca-Cola, Exxon Mobil, U.S. Bancorp et Wells Fargo) qui font partie du top 25 du portefeuille.
Une équipe de six personnes menées par Fayez Sarofim et son fils Christopher gèrent trois fonds de la liste : Dreyfus Core Equity, Dreyfus Tax-Managed Growth et Dreyfus Appreciation Investor (noté « Silver »). Leur stratégie est similaire à celle de Yacktman, même si leur attention à la valorisation est peut-être un peu moins grande. Yacktman peut avoir jusqu’à un tiers de ses encours sous forme de liquidités s’il ne trouve pas d’opportunités, alors que Fayez Sarofim fait le choix d’être toujours totalement investi. Leurs idées d’investissement sont très proches de celles du portefeuille de Berkshire Hathaway.
Enfin, le fonds Clipper, géré par Chris Davis et Danton Goei (Ken Feinberg, co-manager du fonds est parti à la retraite fin 2013). Davis est un fan bien connu de Warren Buffett, et sous sa responsabilité, Clipper a été un actionnaire significatif de Berkshire Hathaway (c’était la deuxième ligne du fonds fin 2013). Clipper est également actionnaire d’American Express, de Wells Fargo. Le fonds a quelque peu souffert en 2007 et 2008 par son exposition au secteur financier, sans que cela ne remette en question leur talent de sélectionneur de titres sur le long terme. Clipper est noté « Bronze » par Morningstar, après une dégradation de la note suite au retrait de Feinberg.
La plupart des fonds ont de solides historiques de performance, mais plusieurs (8 sur 10) affichent un retard par rapport à leur catégorie au cours des 5 dernières années. Cela n’est pas surprenant, car c’est aussi le sort de Berkshire Hathaway : les fonds les plus performants sur la période récente ont fait des paris relativement risqués en retenant des sociétés parfois lourdement endettées, plutôt que des entreprises stables sans dette, comme celles privilégiées par Buffett.
Il est intéressant de noter que sur une période de 10 ans, le fonds Yacktman Focus est le seul à battre Berkshire Hathaway, démontrant combien il est difficile de battre l’oracle d’Omaha sur longue période. Cette solidité explique pourquoi autant de monde suit les moindres faits et gestes de Warren Buffett et pourquoi le fait de reproduire son approche est gagnant sur le long terme.
Nota
La plupart de ces fonds peuvent ne pas être disponibles à la distribution en France et sont mentionnés ici à titre d'illustration.