Berkshire Hathaway : une AG pas comme les autres

L'assemblée générale aura été l'occasion pour Warren Buffett de défendre sa méthode et d'annoncer son intention de poursuivre de grandes acquitisions.

Jocelyn Jovène 04.05.2014
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On peut facilement comprendre pourquoi l’assemblée générale des actionnaires de Berkshire Hathaway a été surnommée le « Woodstock du capitalisme », même si l’image est peut-être un peu exagérée.

La ville d’Omaha à la frontière du « Midwest » américain (400.000 âmes) a accueilli plus de 38.000 investisseurs venus du monde entier pour entendre les bonnes paroles de son oracle, Warren Buffett et les bons mots de son associé Charlie Munger. Certains d'entre eux étaient devant les portes du CenturyLink Center d'Omaha bien avant 5 heures du matin (l'ouverture des portes ayant eu lieu à 7 heures).

Surperformer quand les marchés baissent

Mais ce rendez-vous largement couvert par les grands médias américains a aussi été l’occasion pour les deux associés de rassurer sur les perspectives de long terme de leur groupe, dont la principale mesure de performance n’a pas été en mesure de surperformer le marché au cours des cinq dernières années.

« Sur n’importe quel cycle, nous surperformerons, mais cela n’est pas garanti », a-t-il déclaré, assis derrière une table garnie de bouteilles de Coca-Cola et de chocolats au beurre de cacahuète de See’s Candies. Berkshire, a-t-il ajouté, tend à battre son indice de référence (le S&P 500 dividendes réinvestis), lorsque la Bourse stagne ou recule.

Il a également rappelé un passage de sa lettre aux actionnaires de 2012, dans laquelle il avertissait qu’une nouvelle phase de hausse de la Bourse en 2013 pourrait pénaliser la performance de Berkshire Hathaway.

Salaires excessifs

Les premières questions de l’assemblée – choisies par un panel de trois journalistes ou posées par un autre panel de trois analystes, dont faisait partie Greggory Warren de Morningstar – ont porté sur la décision de Buffett de s’abstenir de voter l’attribution d’un paquet de stock-options aux dirigeants de Coca-Cola, dont Berkshire Hathaway est actionnaire depuis les années 1980, et qui a fait scandale (Buffett perçoit un salaire de 100.000 dollars annuels).

Tout en réaffirmant que ce plan était « excessif », Warren Buffett a indiqué à ce sujet: « je ne crois pas que déclarer la guerre est une bonne idée dans la plupart des cas ».

Poursuivre les banquiers en justice

Les deux associés n’ont pas manqué de s’en prendre à plusieurs reprises à Wall Street (avant l’assemblée par exemple à travers une vidéo où un investisseur incarné par Jimmy Fallon se faisait expliquer pourquoi son courtier, joué par Chris Parnell, investissait son argent à l'encontre de ses intérêts) ou en réponse à des questions.

« Je ne crois pas qu’il n’y ait d’autre moyen de changer les comportements que l’en poursuivant des personnes en justice », a ainsi affirmé Charlie Munger, sous les applaudissements de l’assistance.

D’autres questions ont porté sur les différents métiers du groupe (notamment le rail, les utilities ou certaines filiales comme See’s Candies), sur l’éducation financière, le démantèlement du groupe (hypothèse que Buffett a catégoriquement rejetée), les choix de portefeuille ou l’environnement monétaire et la politique de la Fed.

Investir hors des Etats-Unis

L’oracle d’Omaha a également indiqué qu’il serait ravi d’investir son capital hors des Etats-Unis, mais que jusqu’ici peu de familles l’avaient contacté pour lui proposer de reprendre leur entreprise.

Il a toutefois loué la société brésilienne 3G Capital, avec laquelle il a pris le contrôle de H.J. Heinz l’an dernier pour 23 milliards de dollars, en indiquant être prêt à participer à d’autres larges transactions.

Au total, pas loin de 61 questions ont été posées pendant une session qui aura duré sept heures (avec une heure de coupure pour le déjeuner).

Parmi les résolutions qui lui étaient proposées par des actionnaires, l’assemblée générale a rejeté la proposition de verser un dividende (ce qui n’a jamais été fait depuis 1967), ainsi qu’une proposition d’étudiants lui demandant de fixer des objectifs quantifiés de réduction des émissions de gaz à effets de serre ou d’offrir plus de transparence aux actionnaires quant à la rémunération de ses dirigeants.

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Valeurs citées dans l'article

NomValeurVariation (%)Notation Morningstar
Berkshire Hathaway Inc Class A682 500,00 USD1,37Rating
Berkshire Hathaway Inc Class B453,20 USD0,86Rating
Coca-Cola Co62,55 USD0,16Rating
Wells Fargo & Co70,34 USD2,16Rating

A propos de l'auteur

Jocelyn Jovène

Jocelyn Jovène  est analyste financier senior et rédacteur en chef de Morningstar France.