Cet article fait partie de la série "Perspective", qui regroupe des contributions externes. Le texte suivant a été rédigé par Frank Wenzel avec l'équipe de recherche et de sratégie d'AXA Investment Managers.
Etant donné l’amélioration de l’activité macroéconomique globale et des actions émergentes, nous avions recommandé en avril d’accroître le risque et de surpondérer les actions court-terme au détriment des obligations.
L’une de nos convictions pour 2014 est que les bénéfices vont rebondir grâce à l’accélération des chiffres d’affaires et à une gestion prudente des coûts.
Certes, la croissance des bénéfices s’est, au mieux, stabilisée au premier trimestre 2014. La saison des résultats aux Etats-Unis est tout à fait satisfaisante. Sur 421 sociétés du S&P 500 ayant jusqu’ici publié leurs résultats, 75% ont dépassé les prévisions de bénéfices, avec des bénéfices publiés supérieurs d’environ 6% au consensus. L’Europe est à la traîne, une majorité de compagnies ayant publié en dessous des attentes.
Devons-nous remettre en question notre scénario ? Nous ne le pensons pas. Tous les indicateurs avancés indiquent une accélération de la production mondiale, ce qui soustend notre scénario de reprise des bénéfices.
Parallèlement, la maîtrise des coûts reste primordiale pour les entreprises. Même si les coûts unitaires du travail sont en hausse après une longue période d’ajustement suite à la « Grande Récession », cette croissance est plus lente que la tendance de long terme, suggérant que les entreprises sont toujours en quête de gains de productivité, ce qui soutient les marges bénéficiaires.
Enfin, la situation financière des entreprises ne montre aucun signe d’exubérance excessive. Le ratio dette nette/EBITDA (sur les marchés boursiers mondiaux hors financières) est actuellement de 1,5x, soit proche des plus bas niveaux (1,2x) observés au milieu des années 2000 et en 2011/12. En même temps, la couverture des charges d’intérêt est bien supérieure à sa moyenne historique.
L’amélioration de la production industrielle globale combinée à une maîtrise des coûts des entreprises devraient entraîner une hausse des bénéfices mondiaux entre 5 et 10%.
Côté valorisations, toutefois, il faut admettre que les marchés actions mondiaux sont loin d’être bon marché. Les actions se négocient respectivement à 17,5x et 15x les bénéfices passés et attendus à 12 mois, soit environ 0,5 écart-type au-dessus de la tendance, et sont donc « un peu cher ». Cela dit, tant que l’environnement de taux d’intérêt reste favorable, nous restons convaincus que les multiples de valorisation ne sont en aucun cas un obstacle à une rentabilité normale, que nous estimons entre 5 et 10%, en ligne avec les bénéfices.
Alors que les pessimistes pourraient soutenir que la récente vague de M&A est négative, ce type d’opération survenant généralement à la fin d’un cycle boursier, nous préférons pour le moment adopter un ton plus optimiste. En termes de volumes, l’activité a commencé à redémarrer mais reste loin des niveaux observés durant la période d’exubérance irrationnelle de 2006/07. Les primes versées sont parfaitement en ligne avec les normes historiques (environ 20 à 25% au-dessus des prix cotés) et près de 45% des transactions sont réglées en espèces.
Toutefois, nous voyons deux facteurs négatifs : les investisseurs devraient s’attendre à une plus grande incertitude en raison de la crise ukrainienne persistante et le récent rallye actions. Depuis son point bas de 676,5 atteint en mars 2009, le S&P 500 a quasi triplé grâce aux injections massives de liquidité. Il est bien connu que le passage d’un marché axé sur la liquidité à un marché orienté sur les bénéfices est généralement difficile. En outre, dans ce cas particulier, la reprise des bénéfices est en retard par rapport à la dynamique de marché récente.