Les marchés sont-ils mûrs pour une correction ? Alors qu’un nombre toujours significatif de gestionnaires et courtiers voient toujours les actions européennes comme modérément valorisées et offrant un potentiel de rendement attrayant dans les mois à venir, certaines vues contrariantes émergent depuis quelques jours.
Lors de la conférence SALT à Las Vegas, David Tepper, fondateur du hedge fund Appaloosa Management, plutôt connu jusqu’ici sur ses vues très positives sur les actions, a estimé que les marchés étaient dans une zone dangereuse actuellement.
« Il y a des moments pour faire de l’argent et des moments pour ne pas en perdre. C’est probablement le moment de penser à préserver son capital… Je pense que vous pouvez toujours être long, mais je pense que vous devriez aussi avoir du cash maintenant », a-t-il déclaré durant un face à face avec Anthony Scaramucci, fondateur de SkyBridge Capital.
Selon le site Internet Business Insider, les commentaires de David Tepper ont fait reculer les futures sur le S&P tandis que les bons du Trésor ont atteint de nouveaux plus hauts en séance, hier à Wall Street.
Evoquant une « complaisance coordonnée » en référence à l’action des banques centrales, et l’importance que la BCE agisse lors de sa réunion de juin, « le marché devient dangereux d’une certaine manière », a affirmé le gérant.
Tepper s’est également dit inquiet d’une menace de déflation plus que d’inflation à court terme.
Un sentiment en partie partagé par Nouriel Roubini, patron du cabinet d’analyse RGE, qui s’est surtout inquiété de risques croissants quant à la situation de l’économie chinoise ou à une erreur de politique monétaire de la Fed, qui pourrait prendre la forme d’une sortie trop rapide du « quantitative easing ».
Pour l’économiste, la menace d’une stagnation séculaire dans les pays développés est également réelle, du fait notamment des inégalités de revenus croissantes dans ces pays. Les entreprises sont riches, mais elles n’investissent pas, car elles n’anticipent pas de rebond de la demande.
« Un endettement élevé et les inégalités ralentissent la consommation », a affirmé Roubini. Dans des économies où la consommation est le principal constituant de la croissance, « c’est un problème », a-t-il conclu.