Source: RFResearch, Macrobond
Malgré des profits au plus haut et une dynamique d’innovation qui ne se dément pas, les économies développées sont confrontées à un recul inquiétant des gains de productivité. « Le contexte international se caractérise ces trois dernières années par une faiblesse atypique des gains de productivité », observe Véronique Riches-Flores, fondatrice et présidente du cabinet indépendant d’analyse économique et financière RFResearch, dans une étude.
Cette inertie des gains de productivité est problématique, car elle affecte le potentiel de croissance des pays développés tout comme le potentiel de rentabilité des entreprises, ce qui en retour pèse sur la dynamique d’investissement et sur l’emploi.
Instabilité économique
« Par ses effets induits sur les profits, l’investissement et l’emploi, l’insuffisance des gains de productivité fragilise le cycle de croissance, ce qui tend généralement à se traduire par un raccourcissement de sa durée et une plus grande instabilité économique », constate RFResearch.
De fait, l’investissement est depuis plusieurs mois la préoccupation première des investisseurs quant à l’utilisation du cash accumulé par les entreprises pendant les années de crise et de disparition du crédit bancaire.
Mais ces dernières hésitent à dépenser, en partie parce que l’inégalité croissante des revenus dans certains pays développés et le niveau d’endettement parfois élevé pèsent sur la consommation des ménages.
Risque de correction
Le problème est que les marchés anticipent un redressement du cycle de productivité bien plus rapide que ce qu’il ne pourrait être en réalité.
Pour RFResearch, « la correction entamée ces dernières années pourrait bien durer encore un certain temps, potentiellement cinq à sept ans, avant de véritablement enclencher une nouvelle phase haussière dont les retombées en matière de croissance ne seraient alors effectives qu’à partir des années 2017/2020. »
Un scénario que nie les investisseurs, ni les institutions internationales ne semblent aujourd’hui envisager et qui pourrait ouvrir la porte à un regain de volatilité sur les marchés, en quelque sorte.
Prudence dans les allocations
Au cours d’une réunion mardi 13 mai, la présidente de RFResearch a d’ailleurs estimé que face à un tel défi, les anticipations d’une accélération de la croissance économique mondiale et d’une remontée des taux étaient trop optimistes.
Allant à l’encontre du consensus, le cabinet défend une allocation qui sous-pondère fortement les actions américaines et émergentes et un peu moins les actions européennes, et qui privilégie les bons du Trésor et le cash, ainsi que, dans une moindre mesure, les obligations souveraines de la zone euro (core), le franc suisse et la livre sterling.