Source: FRED, Federal Reserve of St Louis
S’il est un « trade » que peu d’investisseurs ont vu depuis le début de l’année, c’est bien le mouvement de baisse des taux longs (américains ou allemands d’ailleurs) : de 3% au début de l’année, le rendement du 10 ans américain a chuté vers 2,52-2,53% (graphique), alors que le marché tablait plutôt en début d’année sur une remontée des taux longs vers 3,4-3,5%.
Les obligations d’Etats sont, après les matières premières, la classe d’actifs qui surperforme les actions : elles affichent une performance annuelle de 3,9% contre respectivement 4,9% et 2,9%.
Pour David Woo de Bank of America Merrill Lynch, la décision de la Chine de freiner la croissance du crédit a alimenté un mouvement de flux de capitaux vers l’empire du Milieu et une accélération des achats de bons du Trésor par des investisseurs chinois, ce qui expliquerait le mouvement de baisse des taux longs américains.
L’effet « valeur refuge » des bons du Trésor américain a également joué sur fond de tensions géopolitiques autour de l’Ukraine. « Mais l’explication la plus évidente de la baisse des taux sont une faible croissance et une faible inflation », ajoutent les stratégistes de la banque, dans une note datée du 21 mai.
C’est donc un faisceau d’éléments qui peuvent permettre de comprendre le repli des taux longs. Preuve que les investisseurs sont toujours à la recherche d’éléments plus tangibles les assurant que la reprise économique mondiale va finalement s’accélérer dans les mois et trimestres à venir.
Où en est le consensus ?
Ce scénario semble toutefois toujours valide pour de nombreux investisseurs. C’est en tout cas ce qu’il ressort de la dernière enquête de Bank of America Merrill Lynch auprès d'investisseurs professionnels.
Malgré les incertitudes, le consensus a finalement assez peu évolué depuis le début de l’année (graphique - prévisions pour 2014).
Cliquez sur le tableau pour l'agrandir
Certes les prévisions de croissance aux Etats-Unis et en Chine ont reculé, mais les anticipations sur les principaux indices boursiers sont toujours orientées à la hausse (tout comme celles sur les profits des entreprises du S&P 500, ce qui peut surprendre si les anticipations concernant le PIB américain ont été revues à la baisse).
Les prévisions sur les taux sont toutefois un peu plus prudentes, notamment sur la partie longue de la courbe.
Mais à l'évidence, le marché croit toujours au scénario de reprise et ne considère pas les sujets d'interrogation (déflation en Europe, regain de volatilité sur les classes d'actifs, croissance économique à peine supérieure au potentiel, recul de la productivité des facteurs...) comme de réels facteurs de risque.